[Une Glace au Centre Commercial]

[Suite du sujet dans Rues et Avenues]

Emmanuelle marchait toujours, d'un pas plutôt lent car son compagnon semblait moins rapide qu'elle. Il paraissait rêveur, ou plutôt, très pensif, l'air sombre qui avait rendu son visage moins jeune n'avait pas échappé à la femme, qui s'était à son tour assombrie. Il n'eut aucun mot non plus à la suite de son intervention, ce qui gêna un peu Emmanuelle. Elle ne voulait pas laisser ce silence trop pesant prendre racine, mais n'osait pas non plus ouvrir de nouveau la bouche, ne sachant si elle devait laisser l'adolescent dans ses pensées.

Finalement, elle estima qu'il n'était pas bon de ruminer seul de noirs songes, et la Maire esquissa un sourire tendre, presque maternel en laissant les portes automatiques s'ouvrirent devant eux.

" Quelque chose ne va pas ? "

Demanda-t-elle sans vouloir être à son tour trop curieuse. D'un ton plus léger, Emmunelle ajouta rapidement :

" La glace est bonne, au moins ? "

Elle se rendit compte alors qu'elle n'avait pas touché à la sienne et en lécha élégamment un peu. En effet, ce ne devait pas être le goût de la crême glacée qui le dérangeait, puisqu'il était délicieux. Ce chocolat était rafraichissant et onctueux, elle eut un sourire de satisfaction, l'air gourmand avant de rependre son sérieux-amical.

" Vous aviez peut être d'autres choses à faire... Si vous voulez, je peux demander à mon chauffeur de vous déposer quelque part... ?"

Elle ne voulait pas imposer quoi que ce soit au jeune homme, espérant qu'il n'hésiterait pas à lui dire clairement qu'il était occupé, attendu, ou carrément qu'elle n'ennuyait franchement.

Arthur fut sorti de ses pensées par la voix douce d’Emmanuelle. Il leva rapidement les yeux et lança un regard circulaire autour de lui. Il reconnu aussitôt le centre commercial où il avait l’habitude de faire ses achats. cependant il y allait rarement n’achetant que rarement de la nourriture. Combien de temps avaient ils bien put marcher? Le garçon ne saurait le dire, mais apparemment largement plus de dix minutes. Le jeune serveur était rester dans son monde durant tout ce temps, sans parler à Emmanuelle et s’en voulait. Elle pensait peut être qu’il ne voulait pas la voir plus longtemps ce qui n’était pas le cas bien évidemment.
Mais, que venait-elle de dire juste à l’instant? Le garçon ne s’en souvenait plus, mais tout en réfléchissant la jeune femme reprit la parole. Un petit sourire apparut sur le visage pale du garçon et celui-ci fit un signe affirmatif.

« Oui, elle est très bonne. La votre aussi j’espère. »

Reviens alors en mémoire du garçon les propos du maire. Il ajouta donc rapidement.

« Tout va très bien. Je vous pris de m’excuser, j’étais absorber dans mes pensées. »

Les yeux rivés sur les boutiques qui défilaient devant ses yeux à mesure qu’il avançait le garçon s’était interdit de parler à Emmanuelle de ses problèmes, si l’on peut appeler cela ainsi. La jeune femme n’avait aucun besoin de savoir qu’Arthur ne parlait plus à ses parents depuis un long moment. Surtout qu’elle devait guère s’en soucier.
Des choses à faire? Arthur n’en avait guère. Il ne travaillait pas cette semaine et avait donc le temps de s’investir dans ses loisirs. Mais lesquels? Mise à par la musique il n’en avait aucun et l’inspiration lui manquait cruellement ces derniers temps. Depuis combien de jours n’avait il pas composer de nouvelle chansons? Le musicien le savait bien, cela faisait 36 jours. Soit plus d’un mois en somme. Le garçon se tourna vers
la jeune femme, finissant à l’instant d’attaquer son cornet.

« Oh, non ce n’est pas la peine de vous dérangée. Je n’ai rien de précis à faire aujourd’hui. Mais peut être que vous oui. Je ne voudrais pas vous retenir. »

A nouveau le garçon passa sa main sur sa nuque. Ce qu’il pouvait être nerveux aujourd’hui! S’en était presque agaçant. Autant pour lui que pour les autres. Mais il n’y pouvait rien. Quoi que… Arthur en avait assez de passer pour un molasson sans idées. Il reprit alors la parole sur un ton un peu plus énergique.

« Si vous n’avez rien à faire vous non plus cet après midi, que diriez vous de faire les boutiques avec moi? »

( ouahhh désolée Arthur ! J'ai zappé ^^' )

Les derniers mots de son jeune interlocuteurs avaient été, à eux seuls, un réconfort bien plus grand qu'une après midi entière en institut. Emmanuelle sembla rayonner d'un enthousiasme sourd et doux aux simples sons prononcés par Arthur... Pourtant, cette proposition n'aurait pas fait autant sourire d'autres femmes.

Certes, c'était fort agréable qu'un homme propose de faire les boutiques, mais de là à paraître comme s'il vous avait demandé en mariage...

Elle eut un tendre sourire, comme si cette simple question avait illuminer sa journée. Quelle meilleure idée que de se détendre un peu et ne penser à rien d'autre que ce que l'on avait devant les yeux.
Eh puis, le fait qu'il refuse qu'elle le laisse tranquille la rendit heureuse, simplement.

La perspective d'avoir à regagner le Conseil, la Mairie ou même son domicile était peu appréciable pour elle, sachant tous les problèmes qui l'attendait, n'importe où où elle se trouvait.
A la mairie et au Conseil, des histoires d'argents et de cordiales ententes... A sa demeure, les non dits et les yeux plissés de suspictions.

Tout ceci était si lourd...

" Je serais ravie de vous accompagner. Et même de vous conseiller, si vous le souhaitez. Je ne suis pas une fanatique de la mode, mais dans mon métier, on est obligé de savoir ce qui se fait et ce qui ne convient pas... "

Souligna t elle, un sourire radieux aux lèvres, alors qu'elle croquait le dernier morceau de sa glace.

" C'est toujours embêtant de faire du shopping seul... "

Emmanuelle prit la direction des boutiques destinés aux hommes, instinctivement peut être. Durant quelques temps, elle avait accompagné son mari dans ce genre de boutiques, même si désormais le temps lui manquait pour faire des emplètes avec lui.
Et d'ailleurs, chaque sortie était prétexte à une colère ou des reproches, alors....

( ah je suis désolée ! Tu m’en veux pas trop j’espère ^^’ en plus c‘est court T-T )


Arthur était lui aussi ravit qu’Emmanuelle accepte de rester avec lui. Malgré son apparence un peu débraillé et son teint pâle elle voulait bien faire les boutiques en sa compagnie. Ou en tout cas se balader tout simplement. Peu de gens auraient acceptés de se montrés avec un tel spécimen à leurs côté, et bien plus s’ils étaient le maire de la ville.
Et puis elle venait même de lui proposer de l’aider. Une personne très susceptible se serait sans doute vexée, mais le jeune homme lui non. Il savait bien qu’il était loin d’avoir une tenue classe et respectable. Alors l’aide qu’allait lui apporter Emmanuelle ne pouvait être que profitable.

Faire du shopping seul, Arthur ne connaissait pas ça. La dernière fois qu’il en avait fait ses amis étaient encore en vie… Cela faisait un long moment. Depuis il se contentait d’acheter la première fringue qu’il voyait et qui lui allait, ce que l’on ne peut décemment pas appeler du shopping. Pour toute réponse le musicien se contenta d’hocher la tête, en signe d’affirmation.

Et tandis qu’ils se dirigeaient vers les boutiques pour homme, Arthur remercia son deuxième ange gardien. Car il n’oubliait pas Emily évidemment.

« Merci, c’est très gentil à vous de vouloir m’aider. »

{T'inquiète pô !! Jt'en veux pas ^__^ Eh puis j'ai été longue aussi }



L'air du jeune homme rendait Emmanuelle plus confiante. D'un pas assez rapide, bien que prenant tout son temps, la femme marchait, loin du hasard. En effet, elle connaissait assez bien le Centre Commercial, c'était si courant pour elle d'aller faire quelques courses là bas, enfin... Il y a quelques temps, car depuis un bon moment, elle n'avait pas vraiment une minute à elle, juste pour décompresser dans les boutiques.

C'est pourquoi s'accorder une petite pause avec ce jeune homme la rendait sereine : elle avait bien le droit d'avoir quelques heures de libres, pour profiter des pourcentages sur la nouvelle collection. Toutes les vitrines affichaient des ristournes et luttaient avidement pour conquérir les yeux des passants. De manières générale, les gens qui croisaient ce couple étrange se retournaient, plissant les yeux avec une drole de tête.
Sans doute déjà, des ragots circulaient sur eux.

Emmanuelle eut un petit rire et souffla, se penchant vers le jeune homme.

" On va croire que vous êtes mon... "

Elle ne put prononcer le mot 'amant'. Déglutissant et devenant blême, la Maire de la ville affichait une tête pâle, comme si elle avait vu un fantôme. Elle venait se réaliser quelque chose : elle avait un amant.
Ses yeux devinrent ternes et elle ouvrit la bouche sans pouvoir prononcer une seule parole et se redressa, se stoppant nettement d'un air absent.

Quelle horreur... Elle avait un amant; Qu'était-elle devenue ?
Mais pourtant, elle se sentait bien, dans ses bras, était-elle une femme si horrible ?

C'était le flou en elle, et en même temps, le grand chambardement. Emmanuelle resta immobile alors que la foule se mouvait autour d'elle, sans faire attention...