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 Ligne de fuite

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Lilith Granthi
Mortel
Lilith Granthi


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MessageSujet: Ligne de fuite   Ligne de fuite Icon_minitimeVen 14 Sep - 21:17

Lorsque le fil de jours se perd dans une infinitude de recommencements, lorsque l’espace se restreint à l’intérieur et l’extérieur, lorsque l’on entretient le néant qui n’est autre qu’une absence de désir et d’intérêt, l’âme, incapable de mourir, fuit le corps qui l’abrite.

Pourquoi n’arrêtes-tu pas avec ta chemise ! Tu me meurtris les doigts !

Pourquoi les murs sont-ils si blancs ?...


Ne réponds-tu jamais aux questions par autre chose que des questions ? Regarde-les tes doigts ! Regarde-les !

Ses yeux s’abaissèrent. Un mouvement frénétique et constant habitait ses mains.

Trouver la faille du tissu, choisir le fil à extraire, le tirer lentement pour ne pas le déchirer, l’allonger au maximum et l’enrouler autour d’un doigt.


C’est peut-être parce qu’ils ont oublié, eux aussi, les autres couleurs…

Couper le cordon.

Tu aimes te faire remarquer ! Si tu continues, ils ne te fourniront plus de chemise et tu seras bien avancée dans ta nudité !

Lorsque son index, rougi par la pression de fil qui l’étranglait, ne put recevoir plus aucun tour, Lilith tira un coup sec.

Ce sera donc l’histoire d’une jeune femme,…

Elle fit un premier nœud.

... son plus grand désir était de retrouver le frère qu’elle n’avait jamais eu.

Ses doigts renouèrent à nouveau.

Tous lui affirmaient que ses recherches n’étaient que pure ineptie, qu’elle n’avait jamais eu aucun frère et pourtant…

Elle tira sur le fil.

… rien ne pouvait la faire dévier de l’idée que quelque part, sur cette Terre, vivait un jeune et qua dans ses veines coulait le même sang que dans les siennes.

Elle se leva. Ses jambes frémirent. Elle se dirigea vers la porte et attacha le fil à la poignée.

Ayant recherché dans tous les registres de sa ville et sans succès, elle était la risée de tous…

Oui ! Voilà ce que tu es ma pauvre Lilith, la risée de tous !!

Elle fit coulisser l’assemblage de fils jusqu’à l’anse du broc d’eau que l’on avait déposé sur sa table de nuit.
Alors un jour, elle décida de quitter la ville ; mais sans savoir où…

La porte de sa chambre s’ouvrit brusquement. Le fil tira sur le broc qui se renversa dans un grand fracas.


« Bon sang ! Elle continue ! Mais tu vas nous rendre tous fous nous aussi ! »

Visiblement de très mauvaise humeur, l’infirmière se baissa pour éponger la flaque que Lilith observait de son regard absent.

En maugréant quelques phrases incompréhensibles et sortit chercher de quoi « finir tout le travail qu’elle me donne ».

La porte resta entrouverte.

Lilith contemplait toujours la flaque.


Elle a laissé la porte ouverte Lilith…

Lilith se fichait éperdument que la porte fut ouverte.


Ne me dis pas que tu ne veux pas savoir ce qu’il y a derrière cette porte !

Elle leva lentement la tête. Non, elle se fichait de savoir ce qu’il avait derrière cette porte.

… d’autres murs blancs…

Peut-être trouveras-tu des rideaux, Lilith, des rideaux avec des couleurs ! De toutes les couleurs ! Il te suffit d’aller voir…


Elle fit un pas. Ses pieds traversèrent le ruisseau qui la séparait de l’autre rive…

Sa main poussa faiblement la porte.
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Lilith Granthi
Mortel
Lilith Granthi


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MessageSujet: Re: Ligne de fuite   Ligne de fuite Icon_minitimeVen 14 Sep - 21:21

Le long couloir bordé de portes toutes semblables était baigné d’une lumière déversée par une rangée de néons similaire à celui qui éclairait sa chambre. Les yeux de Lilith suivirent lentement cette ligne droite lumineuse et buttèrent contre la porte métallique qui se trouvait au fond du corridor.

Une sonnerie retentit, un voyant rouge s’éclaira et la double porte s’ouvrit. Un homme en blouse blanche en sortit, portant à la main une pile de dossiers. Instinctivement Lilith recula d’un pas et se cacha dans l’embrasure de sa porte. Les pas s’approchaient, aussi réguliers qu’un métronome ; elle ne bougea pas. Son cœur se mit à battre, sans raison aucune. De quoi avait-elle peur ?


Que t’apprêtes-tu à faire Lilith ?

L’ombre de l’homme caressa sa porte et les pas s’éloignèrent, poursuivant leur avancée dans cette ligne blanche.
Lorsque le silence revint, elle franchit le seuil et s’immobilisa en plein milieu du couloir. Les autres internes semblaient avoir fuit les lieux puisque nul cri, nul éclat de rire, nulle lamentation ne se faisait entendre. Un tel silence était particulièrement rare dans l’aile Babylone… signe que peut-être quelque chose pouvait arriver.


Ici on ne te laisse pas tisser tes histoires Lilith… qu’attends-tu pour tenter ta chance ?…

Les yeux de la jeune femme s’écarquillèrent. Sa bouche s’ouvrit mais aucun son n’en sortit. Elle venait de prendre conscience qu’une voix, que SA propre voix s’exprimait… au dépends de sa volonté…

Elle porta une main à sa gorge.


Qu’est-ce qui te prends ? Tu viens de te rendre compte que tu es douée du don de la parole ?

Sa voix résonnait dans le couloir désert.

Pauvre folle !

Ses mains s’élevèrent jusqu’à sa tête.

Laisse-moi tranquille !

Elle tituba et s’appuya sur le mur en face d’elle. Sa respiration était saccadée son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine.

Laisse-moi… Mais bouge-toi pauvre idiote !! Tu attends vraiment que l’infirmière revienne, qu’elle te refile ton cachet et te mette au dodo ?

Un éclat de rire s’éleva dans le couloir ; le rire de Lilith… Il entraina à sa suite une farandole de réactions venant des chambres avoisinantes.

Lilith tremblait.

Sauve-toi !! SAUVE-NOUS LILITH !!!!

Un élan, la perte de contrôle et tout se précipita. La jeune femme se mit à courir jusqu’à l’ascenseur. Lorsqu’elle l’atteignit, elle frappa frénétiquement sur le bouton d’appel.

Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit. Vide. Elle y pénétra.


Enfin !! Et dire que ça fait des mois que tu aurais pu le faire !

Des larmes d’anxiété ravageaient son visage.

Arrête de chialer ! Et réfléchis… Tu penses vraiment sortir par la grande porte ?

Elle hésita un instant et appuya sur le bouton « premier sous-sol ».

Bien… Notre but maintenant est de trouver des vêtements un peu moins flagrants…

Lilith cachait son visage sous ses longs cheveux roux.

Et par pitié arrête de prononcer toutes mes paroles !!

La porte de l’ascenseur s’ouvrit.
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Lilith Granthi
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MessageSujet: Re: Ligne de fuite   Ligne de fuite Icon_minitimeMer 10 Oct - 21:36

La pénombre d’un parking désert, uniquement éclairé par les veilleuses indiquant les issus de secours. Quelques véhicules sommeillaient là, leurs carrosseries se découpant dans l’obscurité des renfoncements. Un silence étouffant, oppressant. Au loin, un cliquetis régulier et non-identifié…

Elle fit un pas, machinalement, sans savoir pourquoi. La porte de l’ascenseur se referma dans son dos dans un fracas de ferraille fatiguée.

Silence… plic… ploc… plic…

Après un long moment de vide, l’absence environnante déversa dans son âme un mutisme effrayant. Plus personne à l’intérieur de Lilith n’osait prendre la parole. Ni toi, ni moi, ni même elle. Ses yeux finirent par s’accoutumer au manque de lumière.

Un long courant d’air glacé la rappela à l’intensité du moment. Elle cligna des yeux, et s’avança dans l’allée centrale du parking.


Lilith ?

Elle sursauta. Se retourna les yeux scrutant l’opacité… sa voix ! Sa propre voix…

Chhhhhhut ! La ferme !

* Désolée de te décevoir mais je suis toujours là… Tiens… tu te mets à penser maintenant ? Tu progresses… Bientôt tu prendras peut-être en compte mes conseils, pauvre incapable !*

Pieds nus sur le béton froid, grelottante dans sa chemise blanche qui ressemblait plus à un linceul qu’à autre chose, elle se mit à accélérer… puis à courir… à en perdre l’haleine… traversant des rangées de voitures toutes semblables, prise de panique, elle ne voyait plus aucune sortie. Brusquement, elle s’arrêta et s’adossa, haletante, à une voiture.

Que tu es misérable ! Tu penses vraiment que tu vas me fuir en courant ?

Son dos glissa le long du mur et elle se retrouva recroquevillée sur elle-même. Un long sanglot s’éleva dans le silence de ce lieu sans vie.

Dis… dis-moi ce qu’il faut faire…

Lilith releva le visage, l’air perdu. Puis très lentement, comme au ralenti, ses yeux se plissèrent… un sourire s’esquissa… s’affirma… explosa sur son visage. Un rire rauque et sauvage emplit le désert environnant.

Un rire glacial et triste.


Repose-toi Lilith… je m’occupe de tout !

Elle se leva et sans hésitation aucune, traversa le parking. Silencieusement, elle s’approcha d’une porte dont la partie supérieure était une vitre à travers laquelle on pouvait observer un gardien plongé dans le visionnage d’un film pornographique.

Sortir d’ici comporte des risques… fais-moi confiance Lilith… tu en as déjà trop fait… maintenant c’est à moi…

Très délicatement, elle ouvrit la porte, sans savoir ce qu’elle allait dire ou faire. Le gardien n’entendit pas le déclic qui fut couvert par un gémissement surjoué.

Elle resta là sans même oser respirer… Sur le bureau, le trousseau de clefs… Elle fit un pas, certaine que l’homme allait se retourner, mais celui-ci avait les mains et l’esprit bien trop occupé par ailleurs.

Prendre les clés allait sans doute être trop bruyant. Alors, parcourue d’un frisson, elle vit la coupe de judo qui trônait à côté des clefs. Elle la saisit, hésita un instant, inspira, ferma les yeux et l’abattit sur le crâne grisonnant du gardien. Lorsqu’elle les rouvrit, une à une, les goutes glissaient sur le sol où se formait déjà une petite mare.

Son cœur voulut sortir de sa poitrine, ses jambes se dérober…


Qu’est-ce que j’ai fait…

Elle allait se mettre à hurler lorsque l’autre intervint.

C’est moi qui l'ai fait ! Je t’ai dit de te tenir tranquille ! Tu veux sortir ou non ?

D’autorité, elle saisit le trousseau de clés. Une clé de voiture. Certainement celle qui se trouvait à côté de la loge.

Un dernier regard pour le corps inconscient qu’elle abandonnait, puis elle tourna les talons se saisissant au passage de la veste en jean qui pendait au porte manteau.

Elle monta dans le véhicule. C’était bien la bonne clé. Arrivée à la porte automatique du garage, elle enfonça le passe rectangulaire. Tout était si facile…



C’était la nuit. Une nuit d’hiver. Le ciel, dégagé, arborait ses plus belles étoiles. Les arbres nus faisaient danser leurs branches dans le vent glacial. Elle ouvrit la fenêtre tandis que la voiture roulait.

Froid. Vivante.


Tu vois que tu peux me faire confiance… Alors aime-moi…

Une larme tiède, annonciatrice de beaucoup d’autres caressa cruellement sa joue.

… oui…
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