La sale gamine

Il faisait froid en ce matin d'été. Il y avait particulièrement eut beaucoup de rosée cette nuit et tous les gens de la rue s'éveillaient trempés, mais ils avaient l'habitude. Déjà, des gens s'affairaient sur la très achalandée Rue du Marché Rose. Il y avait plein de ruelles qui aboutissaient à cette rue dont les trottoirs étaient bondés d'échopes et de stands de toutes sortes. Un paradis pour les pouilleux en quête d'objets et de nourriture à voler. Il y avait aussi pleins de magasins, des vitrines à n'en plus finir et un parc un peu plus loin.

Sur le parquet d'une boulangerie, à l'abri de la pluie sous un petit toit, Zaka dormait. Ses joues sales étaient parcourus par les sillons des larmes qu'elle avait versé pendant la nuit, sans doute à cause du froid et de la fatigue. Elle était mouillée. Elle portait un T-shirt brun sal et troué trop grand pour elle et des jeans trop grands et usés. Ses baskets étaient un peu trop petites et la droite était trouée au bout. La porte s'ouvrit et le boulanger surprit cette sans habri devant sa porte. Il lui donna un solide coup de pied entre les homoplates, la réveillant en sursaut d'un sommeil profond pourvu des cauchemars les plus atroces, si horribles que je n'oserai pas vous les raconter. Zaka poussa un petit cri de surprise, mais lorsqu'il la releva en agrippant sa longue chevelure sale, elle ne poussa qu'un gémissement. Il la poussera et elle déboula les cinq marches devant le commerce, erraflant encore plus ses coudes, les mains et ses genoux.

-Et ne t'avises jamais plus de revenir ou j'appelle la police !

Zaka se contenta de se relever en vitesse et de courir se fondre dans la foule. On lui jetait des regards dédaigneux. *Ils doivent penser que j'apporte la vermine...* pensa la fillette. Mais elle n'était pas surprise. Elle n'était plus aimée de personne, à présent, et cela la comblait. Elle avait peur des hommes à présent, et les femmes étaient toutes là à se pavaner, à se vanter, ou à se les jouer les prostituées dans les bars... voilà l'image qu'une enfant de 10 ans avait des humains. Les hommes, des gros pervers et les femmes, des putes qui haïssaient des enfants. En fait, elle n'avait connu que trois adultes dans sa vie : Mme Paskala, la directrice de l'orphelinat, une vrai marâtre, Gizèle, une employée qui avait aussi un boulot de danseuse et Jack, l'homme qui avait gagner sa confiance pour ensuite la violer. Après cela, elle avait haït les adultes et redoutait d'avoir à en devenir une plus tard.

Elle tremblait de froid et la faim se faisait sentir dans son ventre, arrachant à celui-ci une plainte sonore. Elle s'assit en boule, le dos contre un mur et regarda les gens passer, une étincelle morne dans le visage.

Gardien Nombre de messages : 40 Lié à : Zaka Date d'inscription : 26/02/2007

Les têtes défillaient dans l'allée des piétons, suivant le dépressif mouvement de foule d'un côté, comme de l'autre, vers une destination pressée, courant pour se dépêcher, fuyant l'heure de pointe dans cet énorme foire qui parcouraient les rues à coups de klaxon; pas facile de retrouver une fillette se faufilant parmi les gens en tentant de ne pas se faire remarquer. Tatsuha passa devant sa cachette bien deux à trois fois avant de la trouver du regard, et il s'arrêta net devant sa petite silhouète recroquevillée, révolté et conquis par la détresse de l'enfant... Normalement, elle aurait été "encore une autre âme perdue", "encore un esprit égaré", "encore un autre mortel", mais étrangement, il n'osa pas penser cela... À dater d'il y a quelques mois, il n'avait eût que des mortels 'superficiels' comme il se plaisait à les nommer; pas de quoi être fier de son travail, et bien qu'il n'aie jamais vraiment ressenti le besoin d'en être fier, une profonde honte l'envahie peu à peu... Il attendit quelques secondes, encore dans l'incertitude des gestes à poser, après tout, elle lui apporterait probablement plus que lui ne saurait le faire...

La fillette avait faim, et un marchant pressé transportant un bac rempli de fruits passa à toute vitesse devant elle, bousculant tout le monde sur son passage. Une pomme verte tomba de la boîte et roula devant elle. Elle tendit sa main frêle pour la saisir. Elle s'en empara et après l'avoir frottée dans ses vêtements sals (ce qui n'eut pas l'effet voulu de la faire briller), elle la croqua et l'engloutit rapidement. Puis, elle se sentit observée et remarqua un homme devant elle. Et il avait... des ailes ! Les yeux marrons de l'enfant s'écarquillèrent. Il n'y avait pas beaucoup de mondes qui semblaient le voir. L'homme la regardait d'un regard interrogateur et insistant, ce qui intimida la fillette. Était-il l'associé du marchand de fruit à qui elle avait chapardé une pomme et voulait-il la punir ? Était-il un ange déchu venu la chercher pour l'emmener en enfer pour tous les vices qu'elle avait commit ? Elle frémit à cette pensée et rentra sa tête dans ses épaules, se callant encore plus contre le mur. Elle dit d'une petite voix, juste assez fort pour qu'il l'entende :

-Qui... qui êtes-vous ?

Évidemment, personne ne porta attention à cette pouilleuse dont la faim faisait fabuler. Sauf les rares mortels qui passèrent par là.

Gardien Nombre de messages : 40 Lié à : Zaka Date d'inscription : 26/02/2007

Sa gorge se noua; bien qu'il ait rencontré un ou deux gardiens pendant sa courte vie jusqu'à maintenant, il n'avais pas eû grande conversation, voire aucune, depuis des semaines ou même des mois... En fait, il avait bien remarqué son regard lorsqu'elle avait subitement croisé le sien, était-elle effrayée...? L'espace d'une seconde il voulu suivre le courant et se mêler à la foule, intimidé lui-même par cette nouvelle rencontre, mais il préféra faire disparaître ses ailes, piochant ses mains dans les poches de son pantalon et faisant quelques pas vers elle.
[» ...Juste... ...un ami... ... ...et toi?

Dès qu'elle le vit approcher, elle le colla d'avantage au mur. "Ami"... ce n'était pas tous les amis qui étaient gentils. Zaka était du genre à ne pas en avoir, elle se méfiait bien trop des autres, et particulièrement des plus vieux. *S'il approche encore, je le mors,* décida-t-elle. Elle se leva, restant aculée au mur.

-Je suis Zaka.

Elle croisa ses bras et, faisant mine d'être interloquée, elle dit :

-Êtes-vous un ange ?

*Je suis stupide* pensa-t-elle. Les anges n'existaient pas, pas plus que Dieu, Jésus, le Diable et toutes les pacotilles qui allaient avec. Ce n'était qu'un tissus de mensonges : un jour, un homme influant et idiot voulu faire une bonne blaque et se prit pour le messi, puis embarqua tout le monde. Il n'y avait que cette explication. Les miracles, ça n'existait pas. Malgré tout, elle avait vu des ailes dans le dos de l'homme... *La faim me fait fabuler...*.

Gardien Nombre de messages : 40 Lié à : Zaka Date d'inscription : 26/02/2007

~> Si les anges gardiens existaient, les pauvres gens qui crèvent de faim dans la rue n'existeraient pas si je ne m'abuse...

Il prit une pause, se trouvant un peu raide face à une gamine, mais il fallait dire qu'il n'avait pas le profil "grand frère" non plus, pas plus que de gardien pensa-t-il, et encore moins d'ange ou de quoi que ce soit... Soit dit en passant, il ne croyait pas qu'elle aurait remarqué ses ailes puisqu'ils les avaient faites disparaître quelques secondes après l'avoir trouvée; toutes ces particularités ne lui plaisait guère alors qu'il avait l'habitude d'oeuvrer dans l'invisibilité.

-Je ne suis pas pauvre je suis... malchanceuse, et sans boulot. C'est différent.

Bien qu'il n'aille pas mentionné une seule fois qu'elle était visée, elle s'était sentie comme telle. Une étincelle de défi brillait dans ses yeux. Elle observa cet homme étrange mais n'ajouta rien de plus. Les gens commençaient à la regarder étrangement, mais Zaka s'en fichaient. Ils la croyaient tous déjà fêlée, de toute façon.

Gardien Nombre de messages : 40 Lié à : Zaka Date d'inscription : 26/02/2007

~> Je vais te croire, parce que c'est vrai qu'à ton âge c'est malchanceux d'avoir à se préoccuper de se trouver un boulot...

Se précipita-t-il d'ajouter, puis, il jeta un regard indiscret vers la rue où les passants ne se gênaient pas de la regarder comme on matte un phénomène de foire. Il eût un léger rictus puis s'adossa au mur de brique derrière lui.
~> Je m'appelle Tatsuha... Et mon boulot tu vois, c'est toi... Alors pour commencer, tu seras peut-être contente d'apprendre qu'en ce moment, tous les crétins qui nous passent devant ne me voient pas, ni ne m'entende, autrement dit, tu te parles toute seule...

» Une gamine court dans une grande avenue éclairée... {ouvert}