Bourreau et Victime

Einri était dans un état quasiment maladif. Il ne savait plus ce qu'il faisait... Après s'être lavé une bonne trentaine de fois les mains, et se sentir toujours aussi sale, il avait mis cela sur la culpabilité qui le rendait fou... ce qui n'était pas forcément faux.

Les gens autour de lui dans la rue le regardaient bizarrement. Tout d'abord parce qu'un garçon aussi pâle, vêtu de blanc -pull et jean-, avec un chapeau haut de forme bleu sur la tête, semblait déjà peu armé pour combattre le froid de l'hiver. Et puis il se voyait de loin. Il fallait même être aveugle, pour ne pas voir qu'il était comme négligé. Sa barbe n'était plus rasée depuis quelque jours, comme si cela faisait une petite semaine qu'il en sortait plus.

Et pourtant, Einri n'était resté que quelques heures chez lui, à hésiter, à trembler de tous ses membres devant Keara. L'adolescent avait dormi un ou deux tours de cadran tout au plus, puis était parti en courant dans le froid de l'hiver, sans savoir où aller. Juste qu'il fallait fuir, qu'il fallait oublier, et ne s'arrêter que quand sa faute ne planerait plus sur lui.

Il bouscula quelqu'un. Quelqu'un de grand et fort. Un adulte peu recommandable, qui le prit par le col, et l'envoya sur la route avec quelques insultes.

Ce fut là, la faute de The Ace Of Spades. Au lieu de se redresser, et éviter de se faire écraser, il sentit la fatigue que ces quelques minutes de course sans but l'assaillir, et s'allongea sur l'asphalte, presque désespéré. Il n'en pouvait plus, Einri ne voyait plus l'intérêt à tout cela. Fuir, oui, mais pourquoi ?

Il n'entendait plus rien, perdu dans son délire, dans sa peur, dans sa faute. Il l'avait tuée, elle. Elle...

L'adolescent s'en voulait, répétait sans cesse qu'il était assassin, et ses chaudes larmes glissaient sur ses yeux. Un court instant, au loin, il lui sembla voir une personne apparaître. Non, il devait rêver. Il était en train d'halluciner... Ou de mourir ? Il aimerait tellement, après tout.

Ses mains se fermèrent sur la neige, et il posa son regard sur le ciel, et sur les flocons qui chutaient inexorablement. La voiture qui roulait vers lui, à une vitesse incroyable, l'entendait-il seulement ? Cela semblait presque incroyable qu’il n’y fasse pas attention, mais ne voulait-il pas mettre fin à ses propres jours, en un sens ?

Ou alors, le mal qui le rongeait, cette démence qui avait fait de lui un meurtrier, le rendait toujours inconscient, et le forçait à demeurer là, allongé, sans réagir aux coups de klaxon que rugissait l’automobile.

L’Ace Of Spades devait en finir avec lui-même. Il devait s’asséner son propre châtiment… Devenir son propre bourreau. Pour elle. Elle ne pouvait pas lui rendre ses coups, alors il devait en finir avec sa vie. Le monde ne s'en porterait que mieux, avec un assassin de moins.

Et oui, il fuyait : il savait bien qu'il ne pouvait pas vivre sans elle. Il ne pouvait pas vivre en l'ayant fait disparaître.

Renaissance...
Keara était là, apparue de nul part. Elle savait, pourtant, ce qu'elle était. Une Gardienne... "on" lui avait dit. Dieu, peut-être ? Elle ne savait pas, mais acceptait étrangement cette condition, sans se poser de questions.
Se rendait-elle compte, au moins, de sa Mort ?... Sans doute pas. Lui avait-on dit ? Non. Elle ne se souvenait pas de cette lame sur sa peau nue... elle ne vit pas cette marque de l'As de Pique sur sa poitrine. D'ailleurs, qu'en aurait-elle pensé ? Improbable ; elle se serait dit qu'elle aurait rêvé, aurait trouvé une excuse pour innocenter EInri - il ne pouvait pas faire cela.
La neige tombait, et elle parcourait la ville, ainsi. Elle était là... on lui avait dit qu'elle était une Gardienne, qu'elle devait protéger un Mortel... Mais personne ne la remarquait. La neige tombait, toujours, se déposant sur elle, voilant ses cheveux d'un blanc pur, comme ses ailes...
Ses ailes... pourquoi avait-elle des ailes ? Elle le reconnaissait, l'acceptait, et se demandait pourquoi. Pourquoi, aussi, personne ne remarquait cela ? C'était si étrange... il y avait, pourtant, du monde. Pas une foule, mais des gens passaient pourtant, allant, affairés, d'un endroit à un autre.
Son regard de terre regardait une rue, puis l'autre ; regardait les magasins, les maisons, les appartements, mais s'en désintéressait toujours. Gardienne... qu'est-ce-que ça voulait dire, exactement ? Elle devait protéger un Mortel... mais qui était-il ? Où était-il ? Des questions auxquelles elle n'avait de réponse ; pourtant, elle se dirigeait, guidée, vers son Mortel.
Elle se demandait, aussi, ce que ç'allait changer dans sa vie de devenir Gardienne. Elle avait l'impression que c'était une essence divine qui lui avait parlé, mais cette... "fonction" n'allait tout de même pas bouleverser sa vie ?
L'adolescente se demanda, un instant, pourquoi elle était devenue Gardienne - pourquoi elle et pas une autre ? Ah, tant de questions auxquelles elle n'aurait aucune réponse...
Toujours traversant la rue - faisant à peine attention à son environnement, tant Keara était plongée dans ses pensées -, la Gardienne ne se rendait pas compte qu'elle n'avait pas froid. Elle le ressentait, mais elle n'avait pas réellement froid. La Gardienne savait, pourtant, que la neige tombait, qu'elle s'entreposait sur sa peau nue, sur sa robe noire, sur ses ailes de terre, mais n'y prêtait pas attention. Elle était ailleurs...
Ailleurs.
Ailleurs, dans un rêve qu'elle explorait sans peur. Un rêve de pensées, de questions, hors du temps et de l'espace.
Et puis, un bruit. Un instinct. Le rêve se brisait, et elle se retourna.
Une voiture. Une voiture qui foncait sur quelqu'un, sans pouvoir s'arrêter. Et l'autre ne semblait pas s'en préoccuper...
Elle n'allait pas le laisser mourir ? Mais la voiture allait trop vite... Et puis, elle vit le visage.
Einri. C'était Einri.
Sans même réfléchir à ses actes, elle s'avança. S'avança à travers la route, sans que personne ne la vit, sans qu'elle remarque le silence qui pesait soudainement sur eux, sans qu'elle ne vit que la voiture, à quelques mètres à peine du Mortel, s'était subitement arrêtée en pleine course.
La Gardienne était maintenant, à côté de lui, et essayait de le relever.

- Einri, Einri, viens, vite !

Le soulever, vite... sans attendre sa réponse, et tirant de toutes ses forces sur la manche qu'elle avait prise, ils se retrouvèrent en quelques secondes non loin du trottoir.
Le temps reprit son cours, et la voiture, désorientée, alla finir sa course non loin d'un portail. Si le temps n'avait pas été arrêté - chose que Keara n'avait pas remarqué -, Einri serait mort. L'adolescente semblait bouleversée - et il y a de quoi ! Vous imaginez-vous voir la personne la plus chère à vos yeux à deux doigts de se faire écraser par une voiture ?

- Einri... ça va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Cependant qu'elle lui demandait cela, le conducteur - enfin, la conductrice -, lui, sortait de voiture, et alla à l'encontre d'Einri - il ne vit évidemment pas Keara.

- Oh, excusez-moi... quelle histoire, quelle histoire ! Vous n'avez rien j'espére ?

Apparemment, elle semblait bien trop soulagée de cette vive panique pour avoir constaté le très soudain déplacement d'Einri.

- Ah, ça ! Une voiture quasiment neuve... qu'est-ce qui vous a pris, aussi, de s'allonger comme cela en pleine rue ?

Le ton restait doux, bien que les mots accusateurs - d'ailleurs, la conductrice prit presque honte en se rendant compte de ce qu'elle disait : ce n'était probablement pas sa faute, un simple accident, il était d'ailleurs, sûrement, épouvanté de s'être approché aussi près de la mort.
Keara, cependant, se demandait pourquoi la conductrice ne la regardait pas. Étrange... elle essaya de lui parler, mais non. Elle n'entendait pas les mots qu'elle lui disait ; alors, elle regarda Einri. Allait-on lui expliquer ce que tout cela voulait dire ?... Le mot "Gardienne" et "Mortel" lui revinrent en mémoire. Mais... non... l'adolescente oublia sa pensée aussi vite qu'elle était venue. Einri, son Mortel ? Ridicule, il n'était pas en danger - du moins, pas après... Il n'était pas en danger, non... elle ne voulait pas qu'il soit en danger. Alors, elle oublia cette pensée, voyant juste ce qu'elle voulait bien voir.
Malgré cela, elle avait eu peur pour Einri... pourquoi était-il resté là ? Allait-il lui dire, aussi ? Ses yeux s'étaient presque embués de larme à l'idée qu'il avait failli mourir. Et s'il mourait ? S'il était son Mortel, qu'elle échouait, qu'il mourait ?
A nouveau, elle écarta la pensée. Ca ne devait pas être... et si elle était sa Gardienne, alors, elle ne le laisserait pas mourir. Jamais... reniflant doucement, elle essuya une petite larme, et attendit qu'Einri réponde à la conductrice ; qu'ils soient seuls tous les deux, et qu'ils puissent parler de ce mauvais pressentiment qui la faisait frissonner...

Einri ne comprenait pas réellement ce qu'il se passait. Il était en train d'attendre que cette voiture avance, et puis, soudainement, il se sentit soulevé. Et sans regarder la personne qui le trainait, il la suivait, l'air un peu ailleurs.

Einri n'avait pas l'air de grand chose, à vrai dire... Il restait là, les bras ballants, en posant son regard dans celui de Keara. Très bein, il était en train de rêver. C'était un cauchemar, voilà tout. Il ne l'avait pas tuée, il ne la voyait pas avec une paire d'aile, il...

Non, rien de tout cela n'était vrai. La preuve, il s'était jeté devant une voiture, et ne s'était pas même fait écraser.

-Non, non... ça va...

Einri ne savait pas franchement à qui il répondait. Il ne savait même plus à qui parler, et frissonnait d'un air maladif. Il reprit son chapeau qui était tombé dans la bataille, puis murmura :

-Je suis désolé... pour la voiture. Je... je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Excusez-moi, il faut que j'aille... que je rentre... chez moi. Ma mère... je dois parler à ma mère.

Il fallait sérieusement qu'il songe à calmer son flot de paroles, s'il voulait être pris au sérieux. L'Ace Of Spades se tourna vers la jeune fille avec des ailes, puis trembla de nouveau, ne comprenant pas vraiment pourquoi... ni comment... elle pouvait être présente ici. Elle l'avait sauvé. Il en était certain, elle venait de lui sauver la vie.

Après quelques pas en direction de la jeune fille, sa main se serra sur son poignet, et il la fit se tourner vers lui. Ses yeux se posèrent sur les ailes de Keara, et il soupira :

-Je suis certainement en pleine hallucination, ou je ne sais quoi. Je dois être devenu fou, ou je me suis endormi en plein cours... Mais rêve ou pas rêve, tu devrais te couvrir un peu, tu as vu comme il neige ?

Il retira son propre pull, et le tendit à la jeune fille.

-Excuse-moi, je suis en train de... je crois que je n'ai jamais fait de rêve aussi horrible.

Einri glissa sa main dans les cheveux de Keara, avec un doux sourire, et ajouta d'un air malicieux.

-Enfin, tant qu'à faire, je trouve que les ailes te vont bien, même si je les aurais mises blanches, si j'avais été conscient de ce à quoi je pensais.

L'adolescent serra très fort la main de la june fille dans la sienne. Voilà, il avait trouvé ce pourquoi il avait tué Keara : il était en plein cauchemar, et maintenant, il ne pouvait qu'en sourire. C'était si improbable, après tout ! Il avait rêvé d'un acte de démence, et le songe continuait, sans arrêt. Tant pis, il ferait comme si de rien n'était, si ce n'était qu'un chimère, ce n'était pas la peine de ressentir une quelconque crainte.

Keara fut rassuré de l'entendre ; tout allait bien... Elle était derrière Einri - la conductrice devant -, et le regarda se lever, puis reprendre son chapeau. Il n'avait rien... elle poussa un soupir de soulagement - et une légère vapeur d'eau apparut là où elle était. Vapeur à l'origine évidemment inexpliqué à tout être humain qui l'aurait vue. Mais personne ne la vit, chacun étant trop préoccupé par ses propres affaires.
La conductrice, quant à elle, n'était que peu convaincue par les bredouillements de l'adolescent. Néanmoins, elle n'avait pas vraiment envie de s'attirer des ennuis, il fallait l'avouer... et sa voiture n'avait rien...
La rue était vide ; peu de monde semblait avoir remarqué l'accident - et le peu qui l'avait remarqué l'ignorait totalement. La conductrice hésitait, cependant. Sa voiture n'avait pas grand chose, mais tout de même...

- Vous voulez que je vous y emmène ?

Ayant essuyé un rapide refus, elle se résigna, et, allant en voiture - constatant au passage qu'il n'y avait rien qu'une petite égratinure - s'en fut bien vite de la rue.
Ils étaient à nouveau seuls. La Gardienne entendit les paroles que prononça Einri, et l'adolescente ne comprit pas les mots de son amant.
Il neigeait, oui... elle avait froid, mais ne frissonnait pas... c'était si étrange ; elle aimait cette sensation de froid.
Choquée. Oui, choquée, c'était ce qu'elle était. Par le fait qu'il croit qu'elle était illusion... mais elle ne l'était pas, pourtant.

- Pourquoi... est-ce que tu crois que je ne suis pas vrai ?

Silence.

- Je suis réelle...

Les mots étaient froids, mais que lui aussi ne croit pas à son existence la blessait tellement... elle avait vu des gens, en chemin, mais personne ne l'avait remarquée. Personne. Et maintenant Einri lui disait qu'elle était un rêve ? Elle aurait pu voir cela comme une chose romantique ; mais non, elle ne se croyait pas dans un rêve, elle. Pourtant, il lui arrivait des choses extraordinaires, mais non...
Une larme faillit naître, retenu cependant par la pensée de ses dernières paroles.

- Un rêve horrible ? Quel était ce rêve ?

Elle voulait savoir, voulait savoir pourquoi il avait autant cette conviction que tout cela n'était qu'un rêve.

- C'est à cause de lui que tu n'as pas bougé sur la route ? ...

Elle passa sa main sur la joue de son amour. Elle était contente, malgré tout, de le voir. Même s'il ne pensait que ce n'était qu'un rêve...

- On rentre ?...

Il neigeait, et ses ailes se teintaient de blanc. Ses cheveux, aussi. Et elle n'avait pas froid. Elle portait le pull, cependant. Elle oublia le sentiment onirique d'Einri. Ce n'était pas grave, s'il pensait que c'était un rêve... elle allait en faire un bon rêve.

PnJ Nombre de messages : 10 Date d'inscription : 28/10/2006

Cupidon, fêté en ce 14 février, se sent d'humeur généreuse... tombant du ciel, voici qu'une rose se loge dans la main de Keara Kirwan.
Mais qui peut bien avoir fait livrer, d'une si originale manière, une fleur d'un rouge profond et fascinant ?

Le doute s'installe dans le coeur de la jeune fille... Qui est ce mystérieux Valentin qui lui dévoile son amour ?

[HRP : Je ne sais pas si Cupidon a eu une bonne idée, lol !]

Einri était en train de douter, soudainement. Elle lui disait qu'elle était réelle. Bien sûr, avec une paire d'ailes, et l'air presque éteinte, elle allait lui faire croire qu'elle était réelle. Soit c'était une blague, soit il n'aurait pas dû se mettre à boire avant de se coucher. Cela devait certainement être une des deux choses.

En même temps, son regard se portait sur les gens de la rue, et nul ne réagissait à la présence d'une fille avec une paire d'ailes. Donc, en toute théorie, il faisait un rêve assez compliqué. De toutes manières, avec toutes les bêtises qu'il écrivait, cela ne l'étonnait même pas, qu'il se passe des choses pareilles dans ses rêves.

Mais il y avait... enfin... Lorsqu'elle déposa sa main sur son visage, il se sentit frémir. Rougir, presque. Keara s'inquiètait pour lui. Il était si... heureux de la voir. De la revoir. Il ne savait plus du tout où il en était, mais une chose était certaine, c'était le bonheur qu'il ressentait à sa présence.

-J'ai... rêvé... Que je te faisais du mal... Mais non, ce n'est pas possible, je suis bien incapable de te blesser... Ca ne peut être qu'un cauchemar.

Il soupira, un peu gêné de faire de tels songes. Cela ne lui fait que guère plaisir, après tout. Il aurait préféré rêver de quelque chose de plus gai, de moins violent... Et l'Ace of Spades en était à cette pensée lorsque, soudianement, une rose apparut dans la main de Keara.

Il fut parcouru d'un frémissement, se mordit la lèvre, fronça les sourcils, puis se souvint qu'il était en train de penser à tenter de rêver à l'enlacer sur une plage, la prochaine fois. Pas la peine de s'énerver, de commencer à hurler : c'était ses pensées qui dirigeaient le rêve, non ? La rose, si elle était là, c'était parce qu'il était en train de se rappeler à quel point il l'aimait...

Ce qui n'était absolument pas nécessaire, parce qu'il savait, lui, l'amour qu'il lui portait, à cette jeune fille si douce.

-Oui, oui, on va rentrer. Tu veux aller chez toi ou chez moi ?

Il glissa sa main dans les cheveux de la jeune fille, pour l'attirer contre lui, en souriant d'un air protecteur... Il ne pouvait pas l'avoir tuée.

(lol oui... pas grave ! :p Je poste, et zou, dodo mdr)

Une rose rouge... une rose pure, une simple rose, atterit dans la main de Keara. D'où venait-elle ? Elle ne savait pas ; peut-être emportée par le vent, en ce jour de Saint-Valentin... mais au moins arrivait-elle à point nommée. Elle sentit la fleur, son parfum doux et fort, qui était bon. Bon comme l'amour qu'elle ressentait envers Einri - et dont elle savait qu'il était récriproque.
Elle fit cependant, sans le faire exprès, un petit mouvement brusque, et une aiguille vint se planter dans sa chair. Petite grimace douloureuse, mais elle retira bien vite la rose, et sourit à Einri - la blessure était vraiment infime, à peine y perlaient-ils quelques gouttes de sang. Et puis, ce sourire rassurant se vit décroître aux paroles d'Einri. Il avait rêvé qu'il lui faisait du mal ? Etrange... mais non, elle ne pouvait pas se douter que c'était son amour qui lui avait fait mal, elle ne se doutait pas qu'ils étaient deux roses, formant un bouquet. Du moins ne voyait-elle de ces roses que leur parfum suave, beau, bon. Elle passa à nouveau une main sur sa joue - celle qui ne tenait pas la rose.

- Ce n'était qu'un rêve... il est finit, maintenant. Je suis bien là.

Là, avec ses ailes, dont elle ne comprenait pas la signification, dont elle ne recherchait pas la signification, dont elle acceptait purement et simplement l'existence comme une chose qu'elle aurait connu depuis longtemps déjà.

- Oh... là où tu préferes... ou non ; allons chez moi. Je crois d'ailleurs que mes parents n'y sont pas.

Oui, ils n'y étaient pas. Au moins seraient-ils tranquilles comme cela... et puis, ils avaient quelques examens à réviser non ? Peut-être le feraient-ils ensemble... ce serait bien. Alors, toujours souriante, la jeune fille s'avança, écoutant ce que disait Einri, et y répondant à son tour. Malgré cela, elle avait toujours en tête ce qu'il lui avait dit. Un cauchemar où il lui faisait du mal... instinctivement, son corps lui rappella certaines images ; ses paroles violentes, son regard fou... le couteau dansant sur sa peau nue, et, enfin, l'apogée de tout...
Mais ces souvenirs furent interrompus par leur arrivée. Et aussitôt elle les oublia. D'ailleurs, pourquoi les aurait-elle retenu ? Ce n'étaient que des images, elle essayait de se représenter le rêve d'Einri, voilà tout... non, jamais elle n'aurait pu croire qu'elle était... morte.

Il la vit se faire mal, tiqua, d'un geste tellement attentionné que n'importe qui, à part elle, l'aurait trouvé irréalisable. Einri ne se tournait jamais vers personne, ne s'inquiètait pas non plus. Sauf pour Keara. C'était... l'exception qui confirmait la règle ?
Et quelle douce exception...
Mais le problème n'était pas là. Non, pas du tout. Le problème, c'était qu'il avait rêvé... oui, cela ne pouvait être qu'un rêve. Et pourtant, ce rêve dans lequel il errait, lui semblait si fort, si prenant, qu'il ne pouvait que s'en inquiéter. Qu'il ne pouvait qu'avoir pur de perdre la jeune fille... de l'avoir fait.
Ne recevant aucune douleur, n'ayant aucun moyen de se dire que non, il n'était pas dans les méandres de son subconscient, il continuait d'agir de manière instinctive. Elle avait eu mal... elle, son sang, son âme, s'était écorchée. Alors doucement, il lui prit la main, la porta à ses lèvres, pour aspirer le liquide vital.
Oh, rien de surprenant à cela. Il avait lu que la salive était un excellent moyen de refermer les plaies, alors il agissait selon cet apprentissage.

-Tes parents... oui... Allons chez toi.

Oh, Einri n'avait rien en particulier contre les parents de la jeune fille. Il avait un peu peur, voilà tout, de rencontrer des gens bizarres... dans un rêve, tout pouvait arriver de manière illogique et surprenante. Après tout, il avait tué Keara, pourquoi ses parents ne se transformeraient-ils pas en monstres ? Pourquoi...
Ne pas se poser de questions. Trop d'inquiétudes, trop d'incertitudes, cela pouvait rendre une vie trop branlante pour penser à survivre. Et un cauchemar comme celui-ci n'allait pas non plus faire chuter le jeune Kanaw... sincèrement, comment aurait-il pu tuer Keara ?
Tout était illogique. Et pourquoi n'avait-elle pas des ailes blanches, d'ailleurs ?
Tant de questions...

-Je te laisse ouvrir la marche.

Il ne se souvenait plus réellement comment se diriger. A son souvenir, Einri n'était jamais entré dans ce quartier. Alors il avait peur de se tromper de chemin. Qui plus est, dans un songe, on pouvait toujours se perdre, on pouvait toujours se trouver dans une autre géographie d'un monde auparavant proche.
Il ne voulait pas prendre de risque.
Dire que même dans le monde des songes, même au fin fond de son subconscient, Einri faisait fonctionner son esprit logique.
A moins que... cette présence d'esprit logique devrait justement lui mettre la puce à l'oreille : un rêve devrait être bien plus instinctif que cela.

[HRP : Désolée, je ne suis pas très bavarde ces temps-ci, sur rp... MAis vaut mieux nous débloquer. Je te laisse créer un sujet pour ton chez toi, sii tu sens que le moment est venu !]