° Les Gardiens °
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 Abel Rohendel

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Abel Rohendel
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Abel Rohendel


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Lié à : Kasen Remos
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MessageSujet: Abel Rohendel   Abel Rohendel Icon_minitimeVen 10 Aoû - 22:31

Nom : Rohendel

Prénom : Abel

Surnom : Libre à vous de lui en trouver ^^

Age : 20 ans

Profession : Etudiant en art, mais depuis quelques mois il a tout abandonné


Rapide description physique : Une silhouette chétive, un corps mince et peu –voir pas- musclé et une démarche discrète, presque toujours hésitante, comme si il cherchait perpétuellement à se fondre dans le paysage, Abel est quelqu’un de très discret, qui n’aime pas qu’on le remarque, et qui y parvient très bien en général. Sa (légère) paranoïa fait qu’il regarde sans cesse par-dessus son épaule et que son regard ne demeure jamais fixe plus de quelques instants. Il se sent obligé de détailler chaque lieu et chaque personne, comme un animal sans cesse aux abois. Ses grands yeux noisette semblent manger son visage pâle, ne faisant qu’accentuer encore ce regard perpétuellement inquiet. Son visage possède encore les rondeurs de l’enfance, lui donnant souvent l’air plus jeune qu’il ne l’est. Abel a de long cheveux fins et éthérés, dont la blondeur fade, presque blanche, n’arrange pas vraiment son teint déjà pâle. Son visage est très expressif, tout comme son regard, et il est très rare qu’il parvienne à cacher ses sentiments. De nature angoissée, Abel à la fâcheuse habitude de se ronger les ongles et de toujours triturer le bout de ses manches, généralement un peu trop longues. Il préfère les vêtements simples et passe-partout aux couleurs sobres. La seule qu’il évite toujours est le rouge. D’ailleurs, il n’y a absolument rien de cette couleur dans son appartement. Le jeune homme a quasiment une phobie maladive de cette couleur qu’il ne supporte pas.


Description psychologique : Une chose ressort chez Abel depuis la mort de Léandre : son extrême fragilité émotionnelle. Un rien peut le mettre dans des états pas possible, le paniquer complètement ou le faire éclater en sanglots. Il a du mal à maîtriser ses émotions, surtout lorsqu’elles sont très fortes, et est très facilement déstabilisé. Le fait qu’il soit l’auteur d’un meurtre dont on recherche toujours le coupable l’a rendu complètement paranoïaque, si bien qu’il se méfie sans cesse de tout et de tous le monde, ne cesse de regarder par-dessus son épaule, et de détailler les gens pour déceler chez eux la moindre once de suspicion à son égard. Il semble toujours inquiet, presque apeuré, en tout cas sans cesse sur la défensive, méfiant. De même comme la plupart des gens fragiles, il s’est forgé –involontairement- une carapace censée le protéger et qui le pousse à agir de manière assez farouche, et à sortir les griffes dès qu’on l’approche. On pourrait globalement assimiler son comportement à celui d’un chaton blessé qui tente de se défendre contre tout, même ce qui ne l’attaque pas, et qui n’a naturellement aucune chance d’effrayer qui que ce soit. Nerveux, il a tendance à angoisser très rapidement, à se mettre en colère facilement et à garder rancune longtemps. Pas vraiment introverti, il a simplement généralement du mal à mettre des mots sur ce qu’il ressent ou à exprimer son attachement à quelqu’un. Abel n’a jamais été de nature très solitaire, il a besoin d’être épaulé, mais malheureusement depuis la mort de Léandre il ne voit plus personne et vit douloureusement le fait de s’attacher à quelqu’un car il aura alors immédiatement peur de le perdre. Si il n’est donc pas quelqu’un qui apprécie particulièrement la solitude, en revanche il déteste clairement les foules. La présence de trop de gens ne fait qu’exacerber son inquiétude et sa nervosité. Il n’aime pas vraiment parler de lui et déteste vraiment aborder le sujet de sa famille, s’efforçant de les ignorer. Abel a du mal à s’intéresser à quoi que ce soit depuis qu’il ne peut plus dessiner. Il évite soigneusement tous ce qui se rapporte à cet art, et y a complètement renoncer à cause des tremblements de sa main. Le dessin était pourtant quelque chose qui faisait tellement partie de lui qu’y renoncer est pour lui particulièrement déchirant. Cependant il refuse obstinément de réessayer de tenir un crayon. L’obstination est également un trait récurent de son caractère. Particulièrement buté, quand il a décidé quelque chose il est très difficilement de le faire revenir dessus. Abel est quelqu’un qui manqué énormément de confiance en lui, ce qui le pousse souvent à penser que personne ne pourra jamais l’aimer (Léandre étant la seule exception) ou du moins qu’il ne le mérite absolument pas. De ce fait il déteste qu’on lui dise « je t’aime ». Ces mots provoque en lui un sentiment particulièrement douloureux car il aura toujours l’impression que ce n’est pas sincère. Et il ne supporte pas qu’on le lui dise par simple pitié ou hypocrisie. Il déteste le mensonge et cela le met particulièrement en colère. De manière général Abel est beaucoup trop impulsif et spontané. Il agit d’abord et réfléchit ensuite, ce qui l’amène à se reprocher la moitié de ses actions et à être rongé par les remords.


Mortel de : Kasen Remos


Lien avec d'autres personnages : Kasen, son gardien. Dans le cas d’Abel, leur relation pourrait se résumer en un seul mot : la dépendance. Si Abel a tendance à se méfier de tout et de tout le monde, et bien qu’il réagisse souvent de façon farouche voir agressive face à Kasen, il n’en reste pas moins absolument dépendant de son gardien, parce qu’il est sans doute la seule personne dans sa vie à laquelle il puisse se raccrocher. Il ne fait aucun doute qu’il éprouve au fond de lui des sentiments bien plus forts à son égard qu’il ne voudra jamais l’avouer, des sentiments qui se rapprochent sans doute de ceux qu’il ressentait pour Léandre, ce qui ne peut que le troubler d’avantage.
Merlin, le poisson de Léandre. Aussi étrange et incongru que cela puisse paraître, Abel accorde une importance et un amour démesuré à l’animal. Avant l’arrivée de Kasen dans sa vie, c’était sans doute l’être vivant auquel il parlait le plus sur cette terre. C’est une habitude qui n’a pas changée, même depuis qu’il a un gardien à qui parler. Le jeune homme entretient de longues conversations avec Merlin –ou plutôt de longs monologues-, il lui arrive très souvent de s’excuser auprès de lui pour ce qu’il a fait (ceci s’expliquant par le fait que le poisson était celui de Léandre). Il n’accepterait sous aucun prétexte de se séparer de lui, et s’il devait partir quelque part, nuls doutes que la première chose qu’il emmènerait serait le poisson. [Oui je sais, il a un sérieux problème avec ce truc XD]


[Supplément] Comment avez-vous connu ° Les Gardiens ° ? Ocularis Infernum


Passé :

Le sang imbibait le tapis sur lequel il s’était agenouillé -ses jambes tremblant tellement qu’il n’en tenait plus debout-, il le sentait qui tâchait son pantalon, poisseux et chaud, il le voyait s’étirer en longues traces carmines dans les cheveux bruns, il le sentait, gluant, sous ses doigts tremblant, et malgré sa vue rendue floue par un flot intarissable de larmes, il le distinguait, tâches vermeilles sur la peau blanche. Son odeur emplissait ses narines et lui donnait la nausée, tout ce rouge autour de lui le paniquait et lui donnait presque le vertige. Il tremblait de tous ses membres engourdis par la peur et le dégoût. Il ne ressentait aucune douleur physique, mais la souffrance qu’il éprouvait à cet instant était tellement pire. Sa main gauche tremblait tellement qu’il échappa le pistolet qu’il tenait, pour la seconde fois déjà.

« Lé… Léandre… Jpeux pas… J’y arrive pas, je… »

Il s’interrompit, voyant que devant lui, les lèvres du jeune homme ensanglanté remuaient faiblement. Il ouvrit les yeux et chercha son regard. Abel retint son souffle et se pencha légèrement en avant pour l’entendre murmurer.

« S’il te plait… Abel… Fais… ça pour… moi… »

Sa respiration était sifflante, presque mourante, et pourtant Léandre n’était pas en train de mourir. Et c’était bien là son problème. Ses mots hachés suppliaient, ordonnaient et demandaient à la fois, exigeaient presque un répit mérité. Mais ses paroles semblaient à Abel bien trop intolérables, bien trop insupportables. Il n’avait pas le droit de lui demander une chose pareille… C’était sa propre vie qu’il détruirait en même temps que celle de Léandre si il pressait la détente du revolver. A bout de force, à bout de courage, il ferma les yeux sur la vision d’épouvante du jeune homme allongé dans ce bureau dans une marre de sang, sur la vision de sa vie lacérée qui perdait son sens à mesure que Léandre perdait son sang. Et comme un flash il se rappela… Cette nuit.


Dernière édition par le Ven 10 Aoû - 22:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Abel Rohendel   Abel Rohendel Icon_minitimeVen 10 Aoû - 22:39

[suite]

***



« Bah… Mon père… Je le connais pas. »

Abel avait brièvement levé son regard noisette sur l’endroit où il savait se trouver Léandre –sans parvenir pourtant à le distinguer dans la pénombre-, le cœur serré par une étrange impression. La sensation de toucher à quelque chose de fragile, d’instable et de douloureux pour son ami. Quelque chose de caché et de personnel. Mais cette nuit là, l’obscurité rassurante qui les enveloppait et l’intimité de la petite chambre d’internat semblaient rendre l’instant propice à de telles confidences.

« Il s’est barré avant ma naissance. Et ma mère… Je crois que c’est ça qui l’a détruite. Depuis elle passe tout son temps dans le bar d’en face… Et ces deux là ils se quittent plus par contre. »

Une manière détourné d’avouer à demi-mot, avec une ironie sèche et amère, ce que tous le monde chuchotaient dans la petite ville où Léandre était né : sa mère était une folle dingue hystérique et alcoolique. Des bruits courraient même sur son comportement violent. Il était bien étonnant que les services sociaux ne lui aient pas encore retiré ses gosses.

« Mais ton frère ? »

Abel l’entendit soupirer dans le noir et il se mordit les lèvres, gêné par le silence lourd qu’il venait de provoquer. Mais Léandre ne tarda pas à le briser, chuchotant d’une voix plus assurée qu’il aurait cru :

« Je sais pas qui est son père. Et je suis même pas sur que ma mère le sache alors… Ce qui est sur c’est qu’il souffre plus de la situation que moi. Il est encore au primaire, alors ma mère peut pas l’envoyer à l’internat. Du coup il vit avec elle. Et moi je suis obligé de le laisser seul là bas… Et crois moi ça me tue. Mais jpeux rien y faire… »

Il n’en dit pas plus mais le simple ton de sa voix basse et murmurante traduisait la souffrance que lui imposaient ses simples mots, et la douleur de ce constat terrible : il était totalement impuissant. Abel sentait bien à quel point il pouvait subir cette situation sans pouvoir s’en dépêtrer. Il comprenait que son petit frère l’inquiétait plus que lui-même… Léandre en parlait souvent, avec toujours ce sourire lointain et inquiet, et cet air à la fois triste et comblé sur son visage.
Abel s’était presque endormit lorsque Léandre reprit la parole.

« Et toi ? » demanda t-il d’une voix fatiguée mais sincèrement curieuse, sans être trop inquisitrice.

Bah… C’était un juste retour des choses.

« Hm… Mon père est médecin. Médecin humanitaire. »

Petit silence. C’est sur ça faisait très bien de dire que son père était médecin humanitaire. Ca revenait à dire ‘Mon père est quelqu’un de bien’. Et de fait, son père était très certainement quelqu’un de bien. Mais la vérité c’était qu’Abel l’ignorait absolument. Il aurait tout aussi bien pu être un étranger. Il n’était rien de plus qu’un visage sur des photos et un nom toujours précédé d’un titre respectueux. Le Docteur Rohendel.

« Le problème c’est que mon père… Je ne sais pas qui c’est. Il a toujours beaucoup trop aimé les autres pour m’aimer moi. D’ailleurs il aime les autres bien plus que moi. Il aide les autres, c’est ça sa vie. Et moi je n’en fais pas partie. Je ne sais même pas où il est en ce moment, va savoir… Il consacre sa vie à aider les gens qui en ont besoin, au détriment de sa famille. D’ailleurs je ne suis pas sa famille. Je porte son nom, et c’est tout ce qui me rattache à lui. Je porte son nom, et son fric paye mes études. »

Abel ne voulait pas avoir l’air de se plaindre. Il se savait bien mieux lotis que Léandre. Mais en réalité c’est exactement ce qu’il était en train de faire. Il se plaignait. Honteusement. Et de quelque chose dont il ne devrait pas se plaindre. Dont il n’avait jamais eu le droit de se plaindre. Il n’avait pas de papa. Juste un père respectable mais quasiment inconnu. Et si n’importe qui d’autre que Léandre avait entendu ses paroles, il aurait sûrement été jugé égoïste. Peut-être qu’il l’était après tout…

« Et ma mère elle, je la hais. »

Il se tourna sur le côté, face au mur, soupirant légèrement dans son oreiller.

« Elle ne me parle que lorsque c’est nécessaire. Elle est froide, lointaine, hautaine. Elle me repousse presque. Je l’encombre. Elle sort tout le temps, elle me laisse seul dans cette immense maison. »

Il remonta instinctivement la couverture sur ses épaules, comme en souvenir de lointaines nuits d’enfance où le silence de cette maison le terrifiait. Où ses appels demeuraient toujours sans réponses.

« Elle rentre souvent avec un homme. Toujours un différent. Elle boit du champagne, elle va à l’opéra, elle achète des robes qui coûtent des sommes incroyables. Ca l’arrange elle que mon père soit loin. Qu’il soit loin et qu’il gagne de l’argent. »

Plus il y songeait, plus il se rendait compte qu’il ne parvenait pas à se souvenir un seul geste tendre, une seule marque d’affection ou un mot doux que sa mère aurait pu un jour lui offrir. Elle le regardait toujours de haut, et avec un regard si glacial qu’il détournait immédiatement les yeux. Elle l’intimidait. Et il la haïssait. Mais elle ne se donnait même pas cette peine. Elle le méprisait certes, mais surtout elle l’ignorait. C’est pour ça qu’elle l’avait envoyé dans cet internat. Pour se débarrasser de lui, insecte gênant et rebutant.

Et c’est comme ça qu’il s’était retrouvé là il y a un peu moins d’un an, pour son entrée en 6ème. Il avait 11 ans, gamin de petite taille à la silhouette chétive, des cheveux blonds éthérés qui dépassaient à peine le lobe de ses oreilles et des grands yeux noisette qui lui mangeaient le visage, recherchant et fuyant à la fois le regard des autres. Avec sa valise presque plus grande que lui, ses cheveux mouillés par la pluie qui n’avait cessé de tomber le jour de son arrivée à l’internat, il avait l’air d’un enfant trop jeune mais déjà paumé dans l’existence, catapulté dans un univers trop grand pour lui et qui semblait avancer sans même s’en rendre compte, comme poussé en avant par un simple instinct de survie. C’est ainsi qu’il avait rencontré Léandre, sa parfaite antithèse, physiquement parlant. Il se souvenait parfaitement de la première fois qu’il l’avait vu, affairé à déballer de son sac une quantité impressionnante de livres qu’il rangeait méticuleusement sur une étagère les uns après les autres. Il était grand, bien plus qu’Abel, il avait des cheveux assez courts, châtain plutôt foncé, des gestes lents et mesurés, emprunt d’une certaine assurance, mais ce qui frappait surtout c’était son regard. D’un gris métallique, perturbant et direct, il apaisait et électrisait à la fois, et le blond se souvenait que ce jour là il en avait presque eu des frissons. Léandre était bavard. Pas trop, mais juste assez pour passer pour quelqu’un de sociable et d’ouvert, quelqu’un d’agréable et de sympathique. Il avait rapidement su mettre Abel en confiance, ce dernier l’ayant tout de suite apprécié, sa présence le rassurait et dans cette nouvelle existence il était très vite devenu un point de repère essentiel pour le blondinet. Mais lorsqu’on commençait à passer beaucoup de temps avec Léandre, on se rendait vite compte que si il parlait beaucoup, il ne disait jamais rien de personnel, d’intime ou d’important. Il semblait se retrancher en lui-même dès qu’on abordait des sujets plus personnels, et préférait des conversations plus légères. Il aimait rire et ne voulait jamais s’attarder sur des sujets trop lourd ou trop sensibles. Mais la nuit, l’obscurité et l’intimité aidant, il s’était ouvert, confié, dévoilé petit à petit.
Léandre représentait beaucoup pour Abel. A la fois un modèle, un frère, un soutient, un ami, un repère, une aide, une épaule où caler sa tête, quelqu’un à qui parler, et quelqu’un à écouter aussi. Un tout, simplement essentiel. Il était sans doute la personne la plus importante de sa vie, celle qui lui donnait un sens. Il ne doutait pas que si Léandre s’écroulait, sa vie entière s’effondrerait avec lui, comme un château de cartes trop fragile dont toutes les pièces chutent dès que l’une d’entre-elles cède.

Blotti dans la chaleur rassurante de son lit, Abel attendait une réponse qui ne venait pas, suite à ses confidences douloureuses. Mais peut-être ce silence valait-il mieux. Il entendait la respiration irrégulière de Léandre, confirmant qu’il ne dormait pas, exactement comme la première nuit qu’ils avaient passé ensemble, dans cette même chambre. C’était ce soir que tout avait vraiment commencé entre Léandre et lui, comme si cette obscurité confinée dans l’espace réduit de la chambrette était propice à la création de liens tels que ceux qui les unissaient.
Ce soir là Abel avait rabattu ses draps par-dessus sa tête afin de ne pas déranger son camarade et tentait de maintenir d’une main une feuille blanche sur une BD (il n’avait pas trouvé de support plus approprié), griffonnant de l’autre, tout en essayant de maintenir une lampe de poche calée entre son épaule et son cou, la tête penchée sur le côté pour la garder en place. L’entreprise se révélait ardue mais il ne voulait pas se montrer encombrant dès le premier soir et son envie de dessiner était trop pressante pour qu’il la remette au lendemain, sachant qu’il n’aurait sans doute pas que ça à faire le jour de la rentrée. D’aussi loin qu’il puisse se souvenir, dès l’instant où il avait pu dessiner quelque chose d’un peu plus évolué que des petites maisons et des bonhommes en bâtons, dessiner lui était toujours apparut comme une désir impérieux, une envie intime, exigeante et presque violente, absolue et irrépressible. C’était en lui depuis toujours. Dessiner lui était devenu aussi naturel que respirer, aussi évident que lever les yeux vers le ciel. Certains faisaient du sport, chantaient, collectionnaient des timbres, dansaient, jouaient d’un instrument, lui il dessinait. Il avait bien fallut trouver un monde, un endroit où s’évader loin de tout, loin de cette maison trop grande et trop vide, loin de ce père absent et de cette mère indifférente et froide, loin d’une vie sur laquelle il n’avait aucune emprise. Cet endroit il avait le pouvoir de le créer, chaque jour un monde différent, nouveau, un univers tout entier à lui, pour lui seul, dont il était le maître. Il se retrouvait comment Peter Pan avec son Pays Imaginaire, sauf que le sien naissait de ses doigts, de sa mine de crayon, il le façonnait de ses mains si précieuses. Elles étaient la clé de cet univers, à la fois son origine et la porte qui en permettait l’accès. Et ce soir là l’angoisse et l’excitation que suscitait ce nouveau tournant dans sa vie l’avait poussé à se jeter sur ses crayons dès qu’il en avait eu l’occasion. La lumière blafarde et aveuglante de la lampe était filtrée par les draps en coton et dispensait dans la pièce une lueur blanche quasi fantomatique qui peignait sur les murs de grandes ombres allongées. Léandre observait silencieusement le manège de son compagnon dont la silhouette se découpait en ombre chinoise sur les draps immaculés, sans faire un geste, figé dans une contemplation amusée. Il finit par se lever au bout de longues minutes, et souleva doucement un pan du drap qui recouvrait le blondinet, lui glissant un regard curieux et un sourire engageant. Abel sursauta, surpris de cette intrusion soudaine qu’il n’avait pas pressentie, il échappa brusquement la lampe de poche qui s’échoua sur l’oreiller dans un bruit mat.

« Je… Pardon ! Je t’ai réveillé… » murmura t-il d’une petite voix.

A son grand étonnement, cela fit rire Léandre, que sa mine déconfite semblait amuser.

« Mais non… Je ne dormais pas. Qu’est-ce que tu fais ? » demanda t-il en ôtant complètement le drap qui recouvrait encore à moitié Abel.

Celui-ci rosit légèrement et secoua la tête en répondant précipitamment :

« Oh rien ! Je… J’arrivais pas à dormir c’est tout et…
- Waw mais c’est super chouette » coupa le brun qui venait de s’emparer de la feuille d’Abel, à son plus grand désarrois.

Il resta un moment interdit avant de secouer la tête en signe de négation.

« Regarde pas, c’est rien que du gribouillage… »

Le visage sincèrement surpris de Léandre troubla profondément le blondinet et il baissa les yeux en rougissant lorsque celui-ci s’exclama :

« Tu rigoles ! Bon c’est pas parfait mais… Si tu dessines régulièrement… Tu vas t’améliorer très vite. Et à ce que je vois on peut dire que tu as… un don.
- Un… un don ?! répéta bêtement Abel, les yeux rond comme des billes et le visage teinté d’une belle couleur de tomate bien mûre.
- Ne me dis pas qu’on ne te l’a jamais dit… »

Léandre avait l’air aussi sincèrement surpris que réellement amusé, et le blond secoua négativement la tête, mâchoire crispée et visage fermé. Il ne serait certainement jamais venu à l’esprit de sa mère de lui dire une chose pareille. Bien au contraire, dessiner était pour elle un loisir de gamin qui ne le mènerait nulle part, une passion puérile, inutile et vide. Sa mère ne voyait que dans le profit, quand dans l’utilité des choses et ce qu’elles pouvaient lui rapporter. Aussi jamais personne n’avait valorisé son travail, jamais personne ne l’avait complimenté. Il faut dire qu’il aimait la solitude pour dessiner, il se cachait presque du regard trop critique des autres. Dessiner était pour lui un acte personnel, presque intime. En y réfléchissant c’était sans doute ce soir là que la prise de conscience s’était amorcée, et qu’Abel avait commencé à lentement réaliser le potentiel qu’il possédait, ce qu’on appelle en général le talent…
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MessageSujet: Re: Abel Rohendel   Abel Rohendel Icon_minitimeVen 10 Aoû - 22:42

***


« Abel… »

Le blond rouvrit les yeux, ramené violemment à la réalité par le ton suppliant et ferme à la fois de Léandre. L’air perdu il observa un moment l’horrible plaie à la tête du jeune homme, sans nul doute causée par une balle. Mais comment avait-il bien pu se rater ? Abel avait son idée là dessus… Léandre était bien incapable de commettre un meurtre, même le sien. Aussi le jeune homme pouvait-il très bien imaginer le bout du canon froid pressé sur la tempe du brun, ses doigts tremblant sur la détente, et puis sa main déviant au dernier moment quand le coup était parti…
Le coup de feu, Abel l’avait entendu. Ce jour là justement il avait rendez-vous avec son ami, et il arrivait à son palier au moment même où la détonation se fit entendre. Il avait sursauté, son cœur avait manqué un battement et battait désormais à grands coups désordonnés alors qu’il ouvrait la porte de l’appartement qui n’était pas fermée à clé. Et il l’avait trouvé là, exactement dans la même position dans laquelle il se trouvait toujours à présent, allongé sur le tapis du bureau, dans une marre de sang qui depuis n’avait cessée de s’étendre, une arme dans la main droite. Il l’avait d’abord cru mort, mais il s’était rapidement rendu compte de son erreur. Cependant l’horreur avait atteint son paroxysme quand Léandre avait glissé l’arme dans sa main quelques instants plus tard, lui demandant un dernier service de sa voix tremblotante et hachée. Terrifié, Abel n’avait pu que refuser, encore et encore.
Le brun revint à la charge, chacun de ses mots faisant saigner plus encore la blessure dans le cœur d’Abel.

« Je t’en prie… »

Il y eu un instant de silence douloureux, puis d’une voix glacial et tranchante qui contrastait largement avec le ton qu’il venait d’employer, Léandre ajouta :

« Abel, fais le. »

Le blond secoua la tête de droite à gauche, complètement désemparé. Ce qui le décida fut sans doute la souffrance dans les yeux de Léandre et l’infinie certitude que quitter ce monde était le désir le plus cher de son ami.

« D’a… d’accord. Je… je vais le faire… »

Léandre était la personne la plus importante de sa vie, et pour lui il aurait pu faire absolument n’importe quoi. Même le tuer… Bien qu’à cette seule idée il sentait sa poitrine compressée par un étau invisible qui lui broyait le cœur, et sa nausée ne faisait qu’empirer, tandis que dans son esprit agité défilait un flot continu de souvenirs éparses qui lui revenaient par bribes, en flash soudains d’une clarté troublante…


***


Abel tenait dans sa main gauche une lettre chiffonnée, légèrement déchirée à un coin, qui venait visiblement d’être froissée dans son poing serré. La feuille de papier flétrie tomba au sol avec légèreté lorsque les doigts tremblant du blond desserrèrent leur emprise. Ses épaules s’affaissèrent, sa mâchoire se décrispa, il baissa la tête, le regard perdu au ras du sol, ses cheveux glissant de ses épaules pour venir entourer son visage pâle d’un rideau de fils d’or. Il s’était encore énervé, piquant une crise de rage, comme à chaque lettre de son père. Il n’osait pas regarder Léandre. Ils étaient alors en dernière année de collège, et la même scène se déroulait presque à chaque fois qu’Abel recevait du courrier d’un pays lointain et étranger. Lointain et étranger, exactement comme celui qui la lui avait envoyé.

« Pourquoi est-ce que ces lettres te mettent tellement en colère ?... »

Le blond grimaça et ne pu s’empêcher de répondre avec un peu plus de véhémence que ce qu’il aurait souhaité :

« Parce que c’est un sale menteur ! »

Léandre le fixait d’un regard compréhensif et doux, le questionnant d’un ton patient, soucieux de ne pas le brusquer alors qu’il venait juste de se calmer :

« Qu’est ce qui te fais dire ça ? »

Abel lui tourna brusquement le dos, sentant les larmes lui monter aux yeux malgré lui.

« Il m’écrit toujours qu’il m’aime… » répondit-il d’un ton qui oscillait entre une agressivité défiante et une peine sincère.

Le brun eu l’air surpris pour une fois, ne répondant pas tout de suite. Il se passa une main dans les cheveux, se levant du fauteuil dans lequel il était assis, semblant ne pas comprendre le problème.

« Et… Ca te dérange qu’on te dise qu’on t’aime ?
- Ca me dérange que lui le dise ! répliqua immédiatement le jeune homme d’un ton farouche.
- Pourquoi ?...
- Je ne supporte pas qu’on me dise qu’on m’aime quand ce n’est pas sincère ! Je refuse d’entendre ça ! C’est un mensonge ! Il ne dit ça que pour se donner bonne conscience ! Comment pourrait-il m’aimer ? Il ne me connaît même pas ! C’est qu’un sale menteur… »

La fin de la phrase fut étouffée par un hoquet, probablement un sanglot à peine refoulé, mais Léandre ne pouvait en être certain puisque l’autre lui tournait toujours le dos. Il s’approcha doucement, glissa une main sur l’épaule du blond et d’une légère pression l’incita à se tourner vers lui. Abel leva vers lui ses grands yeux bruns humides de larmes, sourcils froncés, essayant de se donner un air assuré sans y parvenir.

« Et si moi je te dis que je t’aime… » souffla Léandre avec un sourire au coin des lèvres.

Il réprima difficilement un léger rire en voyant le visage du blond changer totalement d’expression, passant d’une colère triste à la plus sincère des surprises, puis par la gêne qui colora ses joues de rose pour terminer par un curieux mélange d’étonnement, d’embarras et de quelque chose qui ressemblait à de la joie. Sans répondre, la gorge nouée par l’émotion, Abel se blotti simplement contre le brun, tandis qu’il sentait ses bras l’entourer le plus naturellement du monde et l’étreindre avec force.


***


Léandre était la seule personne qui avait jamais été autorisée à dire à Abel qu’il l’aimait. Il faut dire aussi que c’était sans doute la seule qui avait jamais eu réellement envie de le lui dire. Peut être même la seule qui l’ait réellement aimé. Qui lui dirait ces mots à présent ? De toute façon, aurait-il jamais la force de les entendre encore ?

« Je t’aime Léandre… » gémit-il comme une supplication, quémandant un sursis, conjurant le brun de renoncer à sa requête.

Léandre sourit faiblement et son regard fixé sur Abel hurlait ce qu’il n’avait même plus la force de murmurer. Le jeune homme su en croisant ce regard qu’il avait eu raison de lui laisser lui dire qu’il l’aimait. Léandre n’était pas un menteur…
Abel se leva, titubant légèrement sur ses jambes ankylosées et paralysées par la terreur. Il ramassa le revolver, et recula un peu. Levant son bras tendu il visa la tête de Léandre, dont les yeux demeuraient ancrés sur lui, empreint d’une confiance sans limites. Mais sa main gauche ne cessait de trembler si bien qu’il ne parvenait à viser correctement. Elle oscillait tellement qu’il du tenir le pistolet à deux mains pour le stabiliser. Il inspira longuement, une goulée d’air tiède au goût de sang qui faillit lui faire rendre sur le champ tout ce qu’il avait dans le ventre. Puis il ferma les yeux, et il tira.


***


Suite à l’épisode de la lettre, Abel et Léandre était devenus plus inséparables encore qu’auparavant. Au lycée ils avaient suivit des voies différentes, mais continuaient à passer tout leur temps libre ensemble. Tous deux n’avaient pas quitté l’internat qui faisait collège et lycée, et les années s’étaient envolées à une vitesse folle. Puis en terminal ils avaient décidés de quitter l’internat et s’était trouvé un modeste appartement qu’ils partageaient. Abel était heureux, et pour une fois il pouvait le dire clairement sans se mentir à lui-même. Sa situation familiale n’avait pas évoluée d’un millimètre, mais désormais ça lui était bien égal. Sa famille c’était Léandre. Et sa vie, le dessin. C’était une chose qui n’avait pas changé, surtout depuis qu’il avait rencontré Léandre qui ne cessait de l’encourager. Il s’était beaucoup amélioré et faisait désormais preuve d’un certain talent. Il envisageait de devenir dessinateur, se jetant à corps perdu dans une passion dévorante pour les illustrations. Mais quelque chose le retenait, comme si les remarques acerbes de sa mère avaient érigé un mur infranchissable qui l’empêchait d’avancer dans cette voie. Il traînait en plus un manque de confiance en lui-même qui entravait chacun de ses pas et il est vrai que sans Léandre, il aurait renoncé bien vite à son audacieuse ambition de carrière artistique.
Ce jour là ils s’étaient retrouvés dans un café assez fréquenté par les étudiants et quelques lycéens. Il flottait dans l’air des odeurs de tabac et de parfum sucré dont s’imbibait les jeunes filles, ainsi que d’alcool dont on avait du renverser un verre sur le sol peu de temps auparavant et sans doute pas très loin de la table où ils se trouvaient. Chacun avait amené assez de documents sur les écoles et les facultés de tout le pays pour s’y plonger pendant des heures. Il était prévu qu’ils décident aujourd’hui de la suite de leurs études, car les inscriptions allaient bientôt commencer dans la plupart de ces établissements. Aussi étaient-ils entourés d’une montagne de prospectus en papier glacé et de brochure plus ou moins détaillées. Abel lorgnait depuis plus d’une heure sur le même document qui concernait une école de dessin. En fait ça faisait plutôt une heure qu’il faisait semblant d’essayer de s’intéresser à d’autres possibilités, mais il ne cessait de revenir sur cette école. Léandre, le coude appuyé sur la table et menton posé dans sa paume, l’observait d’un regard en coin, un sourire amusé sur les lèvres.

« Qu’est ce qui t’amuse tant que ça ? finit par demander le blond d’un air bougon.
- Toi... Pourquoi est-ce que tu ne décides pas tout simplement de tenter ta chance dans cette école ? »

Abel continuait à fixer obstinément un prospectus pour une université quelconque sans daigner lever le regard vers son compagnon. Néanmoins Léandre vit très clairement sa mâchoire se crisper et ses doigts se resserrer un peu plus que nécessaire sur le document.

« Je… Je ne serais jamais pris dans une école comme ça…
- Tu sais très bien que c’est faux. En plus comment tu veux savoir sans essayer hein ? »

Abel laissa retomber la brochure qu’il tenait sur la pile et soupira, les yeux toujours baissés :

« Tu sais très bien que ma mère ne seras jamais d’accord…
- Et alors ? Tu as 18 ans, t’es majeur et vacciné, tu fais bien ce que tu veux ! Et puis c’est ta vie… C’est ton avenir, c’est à toi d’en décider. »

Le blond passe nerveusement une main dans ses cheveux, qui avaient désormais une bonne longueur, et laissa son regard balayer la rue qu’il voyait à travers les carreaux sales de la fenêtre. Il savait que sa mère continuerait à subvenir à ses besoins jusqu’à ce qu’il gagne lui-même sa vie. D’abord parce que son père n’aurait jamais été d’accord pour qu’elle lui coupe les vivres, ensuite parce que ça lui permettait d’avoir la paix du moment qu’il faisait ce qu’il voulait loin d’elle et de se donner bonne conscience par la même occasion. Bien sur elle allait sûrement piquer une colère, elle aurait sans doute préféré que son fils fasse un métier plus digne, plus stable, qui rapporte plus aussi, quelque chose qui le rendrait enfin utile à ses yeux. Mais elle finirait par céder…

« Tu sais je crois qu’il faut que tu te laisses une chance… Tu as vraiment du talent. Je ne sais pas combien de fois il faudra que je te le répète pour que tu en prennes enfin conscience ! Ce serait dommage de ne pas l’exploiter… Et…
- D’accord, d’accord… Ca va, je vais postuler pour entrer dans cette école, c’est bon… Mais si jamais…
- Il n’y a pas de mais, il n’y a vraiment aucune raison pour qu’ils ne te prennent pas. »

Abel secoua la tête en marmonnant quelque chose dans sa barbe, mais Léandre ne fut pas dupe. Le blond était autant excité qu’angoissé, à la fois il avait hâte, et à la fois il avait peur. Mais une chose était certaine : pour la première fois il envisageait l’avenir avec optimisme, pour la première il avait un but précis, une envie, une ambition, quelque chose qui justifiait qu’il se batte. Quelque chose qui justifiait qu’il existe.


***


Abel tira la chasse d’eau et sortit des toilettes d’un pas titubant, se dirigeant vers la salle de bain. Il venait de vider ses entrailles dans la cuvette et pourtant il se sentait toujours aussi mal. Son reflet dans la glace le surprit et le terrifia. Du sang avait giclé sur son visage et dans ses cheveux, de grands cernes sous ses yeux vides lui donnaient un regard fou et paumé à la fois, les larmes avaient tracés des sillons indélébiles sur ses joues creuses et son teint était cadavérique. Sa main gauche ne cessait de trembler, de façon incontrôlable et il du s’y reprendre à deux fois pour ouvrir le robinet. Il se rinça rapidement la bouche avant de nettoyer méticuleusement ses mains et son visage, puis le robinet qu’il avait tâché. Après quoi il se rendit dans la cuisine où il fouilla les placards jusqu’à trouver une bouteille d’alcool fort quelconque et d’en boire une rasade directement au goulot. Il fallait qu’il se calme. Qu’il réfléchisse. Si il laissait le moindre indice, il serait accusé de meurtre… Ses empreintes étaient partout dans l’appartement, et pour cause il venait rendre visite régulièrement à Léandre. Léandre… Abel serra le poing tentant à nouveau de calmer les tremblements convulsifs de sa main, sans succès. Il analysa la situation, aussi clairement qu’il le pouvait, malgré son esprit embrouillé et les pensées torturées qui ne cessaient de l’assaillir. L’arme. Il fallait qu’il se débarrasse de l’arme. Il porta à nouveau la bouteille à sa bouche, avalant le liquide brûlant qui détendait ses muscles tendus et s’infiltrait dans chaque fibre de son être. Puis il rangea la bouteille à l’endroit exact où il l’avait trouvé et retourna dans le bureau en s’efforçant de ne pas jeter un regard au corps désormais sans vie de Léandre. Il récupéra l’arme poisseuse de sang qu’il avait abandonné là et quitta la pièce le plus rapidement possible. Il traversa le couloir qui menait à la porte d’entrée qu’il s’apprêtait à ouvrir lorsqu’il suspendit son geste, la main gauche, toujours aussi tremblante, posée sur la poignée. Tournant légèrement la tête vers la gauche, son regard se posa sur un bocal rond, installé sur un petit guéridon près de la porte. Dans l’eau claire tournait un petit poisson rouge… Il n’hésita que quelques secondes avant de s’emparer du bocal qu’il calla sous un bras et de sortir, l’arme enveloppée dans un mouchoir cachée dans une poche intérieur de sa veste.
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MessageSujet: Re: Abel Rohendel   Abel Rohendel Icon_minitimeVen 10 Aoû - 22:46

***


A peine deux ans plus tôt, le même petit poisson tournait dans ce même bocal lorsque Abel avait frappé à cette même porte, qui n’avait pas tardé à s’ouvrir sur le visage un peu plus pâle, aux joues plus creuses que d’ordinaire, de Léandre.

« Abel ?! Qu’est ce que…
- Surpriiiiise ! » s’était-il exclamer en brandissant le bocal à bout de bras.

Un peu d’eau déborda et éclaboussa les chaussures du brun en tombant sur le palier tandis que le pauvre poisson affolé tournoyait plus furieusement que jamais dans les flots agités de son bocal.
Quelques minutes plus tard ils se trouvaient tous les deux confortablement installés dans les fauteuils du salon de l’appartement, le poisson posé entre eux, sur la petite table basse, entre un programme télé et le téléphone. Léandre fixait le bocal d’un air mi perplexe mi amusé alors qu’Abel expliquait :

« Je pars demain alors… »

Le blond jeta un coup d’œil à quelques uns de ses cartons qui traînaient encore dans un coin du salon. Essentiellement des babioles qu’il n’avait pas encore eu le temps de mettre dans le coffre de sa voiture. Il n’emportait pas grand-chose, l’appartement qu’il avait trouvé était un meublé, pas loin de son école, qui se trouvait dans la ville voisine, à quelques kilomètres. Ce n’était pas le bout du monde mais pour le blond il était difficile de s’éloigner de Léandre.

« C’est grâce à toi si je me suis inscrit dans cette école. Je voulais te remercier…
- En m’offrant un poisson ? » lança le brun sur un ton moqueur et amusé.

Abel sourit, ses joues rosissant légèrement.

« Ben… Tu vas avoir besoin de compagnie quand je serais plus là non ? Et puis un chien dans un appartement… Et un chat ça laisse des poils partout. »

Où plus vraisemblablement, un poisson coûtait beaucoup moins cher…

« Et puis tu sais ce truc faut le nourrir tous les jours, ajouta t-il en faisant un geste pour montrer le bocal, ça te donnera une occasion de penser à moi chaque jour !
- Comme si j’avais besoin de ça… souffla Léandre, plaisantant à moitié bien que la remarque soit tout à fait sincère. Mais je te remercie, il est a-do-ra-ble. Tu lui ressembles un peu d’ailleurs… »

Le brun baissa la tête au dernier moment pour éviter un coussin qu’Abel venait de lui lancer à la figure, et qui s’écrasa contre le mur dans un bruit mat.

« Et comment s’appelle ce charmant ‘truc’ ?
- Il n’a pas encore de nom…
- Hmm… »

Le regard du brun fit le tour de la pièce comme s’il cherchait l’inspiration dans les meubles du salon. Son regard tomba alors sur un livre de poche, posé sur la télévision, et qui traitait des chevaliers de la table ronde et de tout ce qui y avait trait.

« Hm… Que penserais-tu de Merlin ? C’est plutôt flatteur comme nom, pour un poisson… »


***


L’eau chaude coulait sur sa peau d’albâtre, mais il ne parvenait pas à se détendre tant il était agité de spasmes nerveux. Ses cheveux blonds ruisselaient dans son dos comme les gouttes d’eau de la douche. Il avait beau frotter, se laver, se savonner, se frictionner, il lui semblait qu’il ne parviendrait jamais à se débarrasser de tout ce sang, ce rouge carmin qui lui collait à la peau et laissait des traces indélébiles dans son esprit embrouillé. Sa peau était pourtant à nouveau vierge de toute trace du liquide vital, cependant il ne cessait de frotter, comme si rien ne pouvait purifier assez son corps et son âme, comme si tout ce savon et toute cette eau ne suffiraient jamais à le laver de son péché, comme si lui-même saignait de ce crime atroce. Tout ce rouge envahissait son esprit, sa vue, et tout se teintait de vermeille autour de lui. Et plus il frottait sa peau, plus elle rougissait de ce rude traitement, plus il paniquait, jusqu’à éclater en sanglots convulsifs qui se perdaient dans les flots de la douche. Il se laissa finalement glisser le long de la paroi, se recroquevillant sur le sol glissant, sous l’eau qui coulait toujours. Sa main gauche se mit à trembler de plus belle, et il lui semblait qu’il ne pourrait jamais tarir le flot de larmes qui dévalaient ses joues.
Dans la cheminée brûlaient habits et chaussures, bien trop tâchés de sang et bien trop compromettant. Sur la table de la cuisine, Merlin tournait toujours dans son bocal. Et dans un vallon lointain, enterrée sous des tonnes de terres humides, l’arme coupable dormait sagement dans une boite à chaussures.


***


Mais qu’est ce qui avait bien pu pousser ce jeune homme rieur et heureux de vivre, qui faisait tout pour s’en sortir, malgré une situation familiale plus que catastrophique, à tenter de suicider ? La descente aux enfers avait commencé de longs mois auparavant, par un drame qui avait profondément ébranlé Léandre. Abel avait emménagé dans son propre appartement depuis plus d’un an et continuait de rendre régulièrement visite à son ami. Ils passaient ensemble leurs vacances et leurs week-end quand ils le pouvaient. Au début le manque c’était cruellement fait ressentir chez le blond qui trouvait son appartement désespérément vide sans cette présence chaleureuse et tant aimée qui animait autrefois ses journées. Le téléphone était très rapidement devenu son meilleur ami, et il se retrouvait toujours pendu au combiné pendant de longues heures les soirs où Léandre lui manquait trop. Jusqu’à un coup de fil bien plus désagréable que les autres, qui l’avait réveillé en plein milieu de la nuit. L’esprit encore embrouillé de sommeil et la voix pâteuse de celui qui vient de se réveiller, le jeune homme avait marmonné un vague « allô » à peine assez articulé pour être compréhensible.

« Abel ? C’est Léandre… »

A l’autre bout du fil la voix était étrangement rauque, comme si son interlocuteur venait de pleurer ou de hurler. Soudain beaucoup plus réveillé, Abel s’était redressé dans son lit, appuyé sur un coude, beaucoup plus attentif.

« Léandre ! Qu’est ce qui se passe ? »

Il y eu un court silence pendant lequel le blond cru l’entendre renifler, avant que l’autre ne lui réponde d’une voix hachée et légèrement tremblante :

« C’est… Emmanuel… Ma mère a eu un accident et… »

Sa voix s’étrangla dans un sanglot qu’il tentait apparemment de réprimer et Abel, catastrophé, s’empressa de répondre :

« Où es tu ?
- A l’hôpital…
- Attend-moi, j’arrive. »

Quelques instants plus tard Abel franchissait les portes de l’hôpital, ébloui par la blancheur aveuglante de l’endroit. De grands cernes violets s’étalaient sous ses yeux fatigués, et ses cheveux étaient encore décoiffés comme si il sortait à peine de son lit. Il avait enfilé à la va-vite les premiers vêtements qui lui étaient tombés sous la main et qui étaient par conséquent assez mal assortis. Dans le hall, en effet, Léandre l’attendait. A peine l’avait-il aperçut qu’Abel su déjà que quelque chose allait vraiment très mal, comme il l’avait plus ou moins deviné suite à leur entretient téléphonique. En s’approchant il comprit avec horreur que le brun pleurait, bien qu’il essayait visiblement de se contenir, sans y parvenir très bien cependant. Il semblait encore plus épuisé que le blond et n’avait apparemment pas pris le temps non plus de s’habiller correctement avant de venir ici. Il était dans un tel état qu’il faisait peine à voir.

« Léandre… » souffla t-il en s’approchant.

Le brun tourna vers lui un regard si désolé et si désespéré qu’Abel sentit sa gorges se nouer et son estomac se soulever au point qu’il en eu presque la nausée. Tout cela l’effrayait. Toute cette blancheur froide, l’austérité des lieux, la distance imposé par la parfaite propreté de l’endroit qui rendait si intolérable la souffrance de son ami, tout cela associé aux larmes sur les joues du bruns tétanisaient complètement Abel.

« Que… Que s’est-il passé ? Comment va ton frère ? »

Le blond vit son compagnon détourner le regard comme s’il avait honte que ses larmes soient exposées si ouvertement avant d’entendre murmurer comme dans le plus atroce des cauchemars :

« Ils ont eu un accident, sur la route… Ma mère l’avait laissé chez sa nourrice mais elle est revenue le chercher bien plus tard que prévu. Comme d’habitude elle avait bu. Beaucoup trop. Emmanuel est… »

A nouveau sa voix s’étouffa dans un sanglot qu’il ne pu retenir cette fois-ci. Abel fit un pas en avant, posant une main hésitante sur l’épaule du brun qui s’obligea à prononcer :

« Emmanuel est mort. »

Le blond voulu dire quelque chose mais rien ne lui vint à l’esprit. Il savait l’importance qu’avait son frère pour Léandre. Il était tout pour lui, et tout ce qu’il faisait était fait pour lui, dans l’unique but de lui offrir une meilleure vie que celle qu’il avait connu jusqu’alors. Et tout ça se révélait vain, tout s’écroulait aujourd’hui. Abel s’approcha encore pour prendre Léandre dans ses bras, mais celui-ci ne lui en laissa pas la possibilité, éclatant soudainement d’une colère folle, alimentée par des années de haine accumulée envers sa mère.

« Emmanuel est mort et elle est en vie ! Elle est EN VIE ! Tout ça est sa faute, cette vie de merde qu’il avait, c’était à cause d’elle ! Et s’il est mort maintenant c’est à cause d’elle ! »

Abel sentait la colère de Léandre monter en même temps que le son de sa voix se faisait plus dur et plus fort, à mesure que ses paroles devenaient plus violentes, jusqu’à ce qu’il se mette à hurler dans le hall de l’hôpital :

« ET POURQUOI HEIN ? POURQUOI ELLE EST EN VIE ? ELLE NE LE MERITE PAS ! ET LUI NON PLUS NE MERITAIT PAS CA ! POURQUOI ELLE EST EN VIE, POURQUOI ?? TOUT EST DE SA FAUTE, TOUT… »

Il éclata en sanglot à peu près au moment où quelques infirmiers et hommes de la sécurité se précipitaient sur lui pour le calmer. Il s’écroula au sol alors qu’un médecin donnait quelques ordres rapides pour qu’on lui administre des calmants tout en ordonnant à Léandre de ne pas hurler ainsi dans un hôpital. Abel lui demeurait tétanisé, figé sur place, comme statufié, horrifié et terrorisé à la fois par la scène. Jamais il n’avait vu Léandre perdre à ce point le contrôle, jamais il ne l’avait vu tellement désespéré. Il avait toujours été à la fois ses repères et son soutien, celui qui l’aidait, le poussait, le tirait en avant, jamais celui qui avait besoin d’aide, celui qui cédait. Des deux, c’était bien lui le faible, pas Léandre. Cette situation l’effrayait, il ne savait pas comment réagir, comment gérer cela.

Après cette nuit particulièrement agitée les semaines étaient passées, puis les mois, mais rien ne semblait pouvoir redonner une raison de vivre à Léandre. Il avait refusé de revoir sa mère, il n’avait pas voulu savoir comment elle allait, l’ayant définitivement rayé de sa vie. Il avait même abandonné ses études, il ne voyait plus personne et vivait reclus dans l’appartement qu’il avait longtemps partagé avec Abel. Le blond était d’ailleurs la seule personne autorisée à pénétrer cet espace privé, le seul qui pouvait entrer dans l’univers clôt empli de malheur et d’un désespoir malsain, dans lequel Léandre s’enfermait et s’enfonçait inexorablement. Il avait été voir un psychiatre pendant quelques temps, mais il n’avait ni la force ni la moindre envie de se sortir de la dépression dans laquelle la mort de son frère l’avait plongé. Petit à petit l’idée d’en finir avec la vie s’était naturellement imposée jusqu’à devenir non seulement une évidence mais surtout une nécessité. Il aimait sincèrement Abel, d’un amour constant qui n’avait jamais diminué depuis les premiers instants, mais cela ne suffisait plus à rendre sa vie supportable. Il ne vivait plus, il survivait péniblement. La mort d’Emmanuel n’avait été que l’élément déclencheur qui l’avait poussé à détruire lui-même son univers. Alors il avait acheté une arme, mais jusqu’au bout sa bonté d’âme l’avait empêché de commettre un acte aussi effroyable que celui d’ôter la vie. Tâche odieuse qu’il avait remit entre les mains d’Abel…
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MessageSujet: Re: Abel Rohendel   Abel Rohendel Icon_minitimeVen 10 Aoû - 22:48

***


Il était tard, Abel ne parvenait pas à trouver le sommeil. Léandre était mort depuis plusieurs mois, et le jeune homme avait désormais besoin de somnifères pour s’endormir. La lumière blafarde du plafonnier éclairait avec froideur la petite cuisine de son appartement. Dans sa main droite deux cachets, dans la gauche un verre d’eau. Il ne put s’empêcher cependant de s’approcher de la fenêtre pour en écarter légèrement les rideaux, posant son verre sur la table. Il jeta un coup d’œil discret dans la petite rue sur laquelle donnait sa fenêtre. Elle était déserte, pas même un chat de gouttière ne pointait le bout de son museau entre deux tâches orangers projetées sur le sol par les lampadaires. Cela suffit à peine à le rassurer. Comme il s’y était attendu, la concierge n’avait tardé à découvrir le corps de Léandre après son départ, et la police avait immédiatement conclu à un meurtre. Certes pour l’instant rien n’avait pu laisser penser qu’il était l’auteur de ce crime, mais la paranoïa l’avait bien vite poussé à se méfier de tout et de tous. Il reprit son verre mais avant qu’il ait pu le porter à ses lèvres, sa main gauche fut saisit de tremblements incontrôlables. Le verre lui échappa pour venir s’écraser sur le sol dans un bruit clair de cristal brisé, tandis qu’Abel reculait prestement pour éviter de blesser ses pieds nus. Une main plaquée sur la bouche, il semblait au bord des larmes, fixant les éclats de verre sur le sol mouillé, d’un regard vide que démentait la grimace catastrophée qui tordait ses lèvres. Il s’efforça cependant de reprendre contenance, inspirant longuement en fermant les yeux. Ce n’était pas comme si c’était la première fois que ça lui arrivait… Mais chaque fois lui rappelait douloureusement tout ce que cela impliquait. Depuis la mort de Léandre sa main tremblait régulièrement, de façon irrépressible et incompréhensible. La conséquence la plus catastrophique pour lui était que cela l’empêchait de dessiner. Chaque fois qu’il tentait de manier un crayon, un pinceau, un fusain, une pastel, une craie, une plume ou quoi que ce soit d’autre, sa main tremblait tellement qu’il ne pouvait tracer la moindre marque sur une feuille blanche. Les premières fois il en avait hurlé de frustration, il en avait pleuré de rage, d’angoisse, d’impuissance. De désespoir. Il avait essayé encore et encore et chaque tentative se révélait infiniment plus douloureuse et plus déchirante que la précédente, jusqu’à ce qu’il finisse pas abandonner. Il avait tout envoyé promener, il avait abandonné ses études, jeter ses ustensiles de dessin, brûler la moindre peinture dont il était l’auteur. Et c’était comme si on lui avait soudainement arraché une partie de lui-même, laissant à la place un gouffre immense, un vide insondable. Le dessin était la dernière chose qui comptait dans sa vie, la dernière chose à quoi il pouvait se raccrocher, le dernier refuge, comme autrefois. Le dernier endroit de son univers où il pouvait encore respirer, espérer et vivre tout simplement. Il ne lui restait plus rien. Et dans le grand ménage qui avait suivit cette intolérable constatation, une autre de ses faiblesses s’était révélée. Il avait entreprit de vider complètement la pièce qu’il avait aménagée pour son travail et qui était entièrement remplie de ses affaires de dessin. Il avait vidé à peu près la moitié de l’atelier lorsque, sa main tremblant à nouveau, un pot de peinture rouge s’était éclaté au sol, éclaboussant partout autour de lui. Il ne se souvenait pas exactement de ce qui s’était passé ensuite. Il se rappelait juste la terreur irraisonnée qu’avait fait naître en lui tout ce rouge dans la pièce, sur ses mains et sur ses vêtements. Il se rappelait les images qu’avait immédiatement exhumé cet étalage écarlate sur le sol et les murs. Il se rappelait aussi le chaos indescriptible qui régnait dans la pièce lorsqu’il l’avait quitté. Il avait fermé cette porte à clé et ne l’avait plus jamais rouverte depuis. Après quoi il avait entreprit l’éradication totale et systématique de tout ce qui portait la couleur rouge dans son appartement, transformant sans s’en rendre compte le traumatisme de revivre ses souvenirs en une obsession phobique de cette couleur.
C’est alors que l’état déplorable dans lequel il se trouvait avait eu des conséquences qu’il n’aurait jamais pu imaginer auparavant. Comme si la disparition de toute envie de vivre avait faire apparaître soudainement une raison de se raccrocher pourtant à l’existence. Et cette raison qui s’était si brusquement imposée portait le prénom de Kasen et le rôle de gardien. La cohabitation n’était pas toujours facile, mais Abel ne pouvait pas nier qu’il avait plus que jamais besoin de l’aide de quelqu’un. Et il se trouvait que c’était justement là le rôle d’un gardien…
Abel rouvrit les yeux essayant une nouvelle fois de contrôler ses tremblements, serrant le poing aussi fort qu’il le pouvait. Avec un soupir las il renonça aux somnifères, et par delà même au sommeil, contournant soigneusement les débris, qu’il ramasserait le lendemain, pour sortir de la cuisine. Il se retrouva bientôt assis dans un fauteuil, le bocal du poisson rouge sur ses genoux, qu’il entourait soigneusement de ses bras, tandis qu’il murmurait quelques phrases à l’animal, soufflant du bout des lèvres une litanie à peine assez articulée. Et cela semblait étrangement l’apaiser. Il continua à marmonner ainsi jusqu’à ce qu’il s’endorme malgré tout, épuisé, la tête légèrement incliné vers l’arrière reposant sur le dossier du fauteuil, le bocal toujours bien calé sur ses genoux.



[i___i je suis infiniement désolé pour la longueur, ça me semblait vraiment pas aussi long sur word...]
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Sasha
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MessageSujet: Re: Abel Rohendel   Abel Rohendel Icon_minitimeDim 12 Aoû - 16:21

Bonjour et bienvenue sur Les Gardiens Abel !

Avec une telle histoire, qui donne la chair de poule en la lisant, on ne s'excuse pas de sa longueur Wink

Là encore, je n'aurais qu'une chose à dire : superbe.

Tu es bien sûr validé, et peux commencer à jouer quand tu veux !

Encore bienvenue, et à bientôt au détour d'un post ^^
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MessageSujet: Re: Abel Rohendel   Abel Rohendel Icon_minitimeDim 12 Aoû - 20:53

*o*

Merciiiii I love you
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