Mignonne, allons voir si le mort ...

Est aussi mort qu'on le supose.

[Suite de Ceci ]

Noah regarda d'un air un peu intrigué le monologue d'Ariane avec son téléphone portable éteint, avant de comprendre qu'elle voulait se débarasser du regard inquisiteur du groupe de voisines, plus loin. Des pies doublés de comméres, à n'en pas douter ; mais si Noah pensait en ces termes, il se garderait bien de les avancer, ne serait-ce que parce ce qu'il comprenait que ces femmes à la vie à demi passé avaient besoin de meubleur leurs journées et leurs discussions, d'une fàçon oû d'une autre.

Lui et la jeune fille s'étaient donc mis à avancer, et elle le questionna sur ses paroles, visiblement un peu curieuse.

"Une librairie ?"

"En quelques sortes ... Je suis, ou peut-être, 'j'étais', restaurateur d'ouvrages anciens, mais je travaillais effectivement en binôme avec un libraire. "

Il se demanda d'ailleurs quel serait la réaction du viel homme en le voyant ainsi ... Mais quelque chose lui disait que lui aussi, probablement, ne pourrait pas le voir.
Quand Ariane le questionna sur son aparente imperturbabilité, il eu un sourire absent, et haussa briévement les épaules, ses grandes ailes bougeant également à ce mouvement :

"Etre choqué, ou perturbé, ne servirait pas à grand-chose. "

L'art de répondre à une question ... sans y répondre le moins du monde. Il n'ajouta rien, et il était clair qu'il ne serait pas disposé à donner de plus amples explications de sitôt.

Le reste du trajet se déroula sans plus de discussions, Noah ayant finalement ralenti son allure de marche pour Ariane et restant pensif, un peu ailleurs. Personne ne semblait le voir ou pouvoir le toucher mais, par instinct, il évita de passer au travers des passants comme un éspèce de fantôme farceur. Parce qu'il se doutait qu'ils risqueraient de le ressentir et que, malgré tout, il voulait continuer à faire comme si il était effectivement 'vivant', d'une manière oû d'une autre.
Il ne réalisa qu'au dernier moment qu'ils arrivaient près de la boutique ... Encore une rue, et ...
Quand ils arrivérent dans la rue et qu'il vit, de loin, de l'agitation, des barrières de sécurité, la police et ... cette voiture, à moitié enfoncé dans la vitrine ... Il s'arréta là, incapable de continuer à avancer. Ses yeux s'agrandirent tandis qu'il fixait la scéne avec une intensité peu commune chez lui, et ses ailes furent parcourues d'un frémissement anxieux. Devait-il continuer ... continuer et voir ... Il était complétement oublieux de la présence d'Ariane à ses cotés, tout comme il semblait avoir oublié tout ce qui pouvait bien l'entourer. Pendant quelques secondes, il fut ainsi, tel une statue, n'osant pas avancer encore vers ce à quoi il avait pourtant crû étre préparé.

[Edit : Mon dieu, j'avais lié un truc sans aucun raport à la place du précédent topic O_o;; Ce que c'est de faire 36 trucs à la fois x__x;;]

Vous êtes vous déjà rendu avec quelqu’un sur le lieu de sa mort ? Non forcément, normalement un mort est par définition…. Eh bien tout simplement mort, et par conséquent, on n’a généralement pas l’occasion d’aller visiter le lieu de sa mort avec lui. Cependant Noah ne semblait pas vraiment se rendre compte de l’étrangeté de la chose et continuait à lui parler sur un ton égal et parfaitement calme. Un peu comme si il lui résumait ce qu’il avait lu dans le journal ce matin …

Apparemment, il était – avant sa mort- restaurateur de livre et travaillait dans une librairie. Peu étonnant, il avait la tête du type que ca ne dérange pas de passer une journée dans le mutisme le plus complet en tête à tête avec des livres.

Elle ne comprenait pas vraiment Noah, comment pouvait-il être aussi imperturbable ?
Le reste du trajet se déroula sans encombre et sans discutions supplémentaires. Elle soupira un peu lassée, depuis quelques jours, elle ne rencontrait que des gens qui économisaient leurs mots d’une façon admirable.

Ils arrivèrent près de la librairie, elle était située dans une rue peu fréquentée par les voitures. Il avait du monde, des voisins qui paillait, des barrières de police, tout était confus et la police en était encore à l’extraction des corps dans la voiture, elle s’approcha le plus qu’elle put, prise d’une envie morbide. Elle voulait vérifier que le visage du mort était bien le même que celui de Noah, histoire de pouvoir accepter son existence.

Cependant on ne voyait rien le corps du défunt à moitie caché par la voiture encore encastrée dans la vitrine, on voyait juste les habits de la victime, blanc.

Elle se tourna vers Noah comme pour avoir une approbation.

Quand Ariane se retourna, elle put constater que Noah était à quelques pas derrière elle, puisque ayant cessé d'avancer. Croisant son regard il sourit doucement, un peu comme une escuse, et se rapprocha. Son regard coula d'Ariane à l'accident, de l'accident à Ariane ; puis il dit lentement, comme il aurait lut une étrange description dans un vieux dictionnaire :

"Je crois que je suis bel et bien mort. "

Les mots l'amusérent étrangement, et il rit un peu ; un rire jaune, sans vie, qui aurait même pu attirer la tristesse.

Il ne savait pas bien ce qu'il devait faire, maintenant. Il regarda encore un instant la voiture embouti dans la vitrine ; et, à n'en pas douter, ces habils blancs, ces longs cheveux bruns, qu'ils pouvaient apercevoir, étaient les siens. Touts comme ces boucles blondes apartenaient à l'enfant qu'il avait vu avant de mourir. Il se sentit mal un instant, un peu nauséeux ; et c'est ce moment que choisir les brancardiers pour ôter les corps sans vie. Il se demanda avec ironie pourquoi cela n'avait pas été fait plus tôt - mais après tout, depuis quand était-il mort ? Il n'en savait trop rien.
Il dévisagea avec froideur sa propre personne, morte. Sans même frémir. Mais, quand le corps de l'enfant fut déplacé, il ferma les paupières. Il ne voulait pas revoir son visage, à elle. C'était idiot, mais ... non, il ne voulait pas.

Puis, lentement, il commenca à bouger ses ailes ; et, sans vraiment s'en rendre compte, se mit à voler jusqu'au lieu de son décés, passant sans se faire voir au dessus de la foule. Ce n'était ni dur ni étrange, mais extrémement naturel, comme si il l'avait toujours fait ... il atterit en douceur prêt de l'avant de la voiture écrasé, et regarda attentivement la vitrine. Cherchant ...
Il n'eut pas le temps d'y penser que ses yeux tombérent dessus. Le livre, le dernier livre qu'il ait restauré ; malgré le choc il semblait presque intact, et, sans que personne ne semble s'en apercevoir, il le prit.

Qu'était-il ? Etrange ironie ... Un magnifique exemplaire des saintes écritures.

En effet il était bel et bien mort ! Après s’être occupé des gens dans la voiture, les brancardiers allèrent s’occuper de l’homme qui fut Noah. Partagée entre le dégout et l’appréhension elle regardait à moitié ce corps ensanglanté et mutilé, cherchant une quelque ressemblance entre l’être qui se tenait à côté d’elle et le mort. Même si elle n’avait pas voulu y croire, il semblait que l’ange à côté d’elle était bel et bien réel.

De plus en plus gênée, elle regarda Noah sans savoir que faire. L’ange ne semblait plus lui prêter d’attention qu’à la foule qui les entourait.

« Noah, on devrait … »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle vit Noah s’envoler dans les airs pour aller rejoindre les débris de la boutique. Il se pencha et pris quelque chose qui ressemblait à un livre. Elle se rapprocha essayant de lui parler.

« Noah, on devrait…y aller. »

Aller où ?
Après tout, il n’était pas obligé de rester avec elle et vice versa, même si elle était apparemment la seule à pouvoir le voir. Après tout c’était surement un hasard.

« Enfin, je voulais dire…. »

Elle ne savait pas trop, elle parlait à voix basse de peur que les gens autour d’elle se pose des questions. Elle resta prostrée un instant, regardant autour d’elle puis haussa les épaules et murmura :

« A la prochaine… »

Et elle prit la poudre d’escampette.C’était décidément beaucoup trop bizarre pour elle.

Noah ne préta que peu d'attention à Ariane, qui s'était approché des barrières, traversant l'attroupement qui s'était formé, et tentait de lui parler. Il était tout à ses pensées, et à la contemplation de son livre - ce que pouvait dire la jeune fille lui importait peu. Il remarqua à peine qu'elle partait, restant simplement là, se sachant parfaitement invisible aux yeux des humains. Il feuilleta distraitement son ouvrage, lui aussi aparemment rendu transparent à son contact. Il murmura distraitement la phrase sur laquelle le livre s'ouvrit :

"Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. "

Il eu un rictus ironique. "Dieu" ... il l'avait toujours considéré comme un grand narcissique, à la lecture de quelques extraits de la bible, comme celui qu'il avait présentement devant les yeux. Sans croire en lui, d'ailleurs. Oui, vraiment ; ce dieu n'était pour Noah rien qu'un espèce de gourou imaginaire et égocentrique à souhait. Mais ... dur était de conserver cet avis catégorique vu l'état actuel des choses.
Il tenta de se rapeller. La voix ... Lui, était un gardien ... un gardien ... et la voix disait ...
Un nom. Brusquement, il se souvint d'un nom.
Que celui qui l'ait prononcé soit "Dieu" oû qui que ce soit n'avait aucune importance ; le nom qui lui était revenu en mémoire était d'or et déjà profondément gravé en lui. Il leva le visage, tournant la tête pour essayer d'apercevoir Ariane ... elle était bel et bien parti.

D'un battement d'ailes, il s'envola, allant cette fois-ci plus haut ; il eut légérement le vertige, crut qu'il allait perdre l'équilibre, mais apercut la chevelure rousse de la jeune fille. Il vola vers elle, sans bruit, et se posa à sa droite sans brusquerie, son aile la surmontant un peu, comme l'équivalent d'un geste amicale qui aurait été une main sur l'épaule. Il lui dit doucement, un sourire contrit sur le visage :

"Escuse mon impolitesse précédente, j'étais ... un peu ailleurs. "

Sa main était toujours reserrée sur la bible, dont il cachait inconsciemment le titre ; et il finit, regardant Ariane avec intensité, laissant la désagréable impression qu'il aurait pu lire en elle comme dans un livre ouvert.

"J'ai besoin de savoir ... quel est ton nom ?"

Rien ne semblait avoir été laissé au hasard. Et le nom était peut-être son nom. Peut-être ... sûrement ?

Elle était partie parce qu’elle n’avait plus rien à faire la. Noah et ses ailes n’avaient surement pas besoin d’elle et elle était de mauvaise humeur. Elle avait courut, fuyant ce lieu de mort, cet attroupement, le bruit…et l’ange.

En fait elle n’était pas de mauvaise humeur, elle était simplement frustrée, agacée, elle ne contrôlait rien et ca lui laissait un arrière goût amer. Elle n’avait déjà aucun contrôle sur son passé, elle aurait au minimum voulu en avoir un sur son présent.

Elle s’arrêta et regarde autour d’elle, apparemment il ne l’avait pas suivie, cela resterait donc une rencontre fortuite sans la moindre importance. Sauf qu’elle n’arriverait jamais à oublier, cet homme, ces ailes….Au fond, elle était vexée, oui un peu vexée du manque d’attention que lui portait cet être étrange. Elle aurait bien voulu que pour une fois, on soit un peu curieux à son égard mais elle passait tellement souvent inaperçue à quoi s’attendait-elle ?

C’est pour ca que quel ne fut pas sa surprise lorsque Noah atterrit devant elle. Elle ne l’avait pas entendu arriver, il se posa à côté d’elle gracieusement, un sourire un peu contrit sur le visage.
Il avait un livre en main dont elle n’arrivait pas à voir le titre, elle haussa les épaules à la mention de son impolitesse et répondit à sa question bien plus décontractée et je-m’en-foutiste qu’elle ne l’était en réalité.

« Je m’appelle Ariane, Valenskii Ariane…mais ca c’est mon nom d’adoption, pourquoi ? »

Une rencontre tout ce qu’il y avait de plus banal.

Ainsi ... c'était bien elle. Tout çà n'était donc pas dû au hasard. C'était trés frustrant, pour une personne aussi profondément athée - véritablement athée, et pas un de ces agnostiques qui prétend ne croire en rien parce qu'il ne croit pas en Dieu -, tel que Noah. Mais le fait était là ... repliant sagement ses ailes dans son dos, il répondit d'un ton naturel mais trés poli, comme à son habitude :

"Peu importe. A moins qu'il n'y ait une autre Ariane Valenskii, je craint que ... "

Craindre. L'expression l'amusa. Un tel verbe alors qu'il était là pour la protéger, sensément ! Mais ...
L'espace d'un instant, il eut envie de ne rien lui dire. De repartir. Il n'avait pas envie de la protéger ! De la suivre, de la garder du danger, de ... oui, confusément, il sentait que c'était tout cela qu'on lui demandait. Et il ne voulait pas le faire. Mais ... il était trop tard pour faire marche arrière. Une minute avant, il aurait encore pu ; maintenant, non.

Certains gardiens se sentaient aussitôt lié à leur mortel, par un lien puissant, inexplicable ; d'autres avaient simplement un honnéte et puissant sens du devoir, qui les poussaient à accomplir leur tache. Noah n'était dans aucun des deux cas ... Noah, d'une fàçon bien plus simple et plus complexe à la fois, d'une fàçon qui au final correspondait parfaitement à sa personalité, était esclave des mots. Des mots, et du nom qu'il avait entendu, du nom qu'on lui avait gravé au fer rouge dans le coeur. N'aurait-il pas été sûr qu'Ariane soit Ariane, il aurait pu partir ; maintenant, il n'y arrivait pas. Il s'était mis ses propres fers aux pieds, et le cliquetis des chaînes commencait déjà à lui parvenir, agacant, peut-être même insuportable.

Mais il ne laissa pas à Ariane voir quoi que ce soit de tout cela ; elle ne devait pas savoir ... Il était un gardien, non ? Quelque chose se rapprochant d'un ange ... Ces ailes l'aidaient à être crédible, à le faire paraître d'une bonté qu'il n'était pas. Il finit donc, doucement, tendant la main à celle qui serait désormais sa protégé :

"Je suis un gardien, protecteur des hommes. Et je me souviens de ton nom, parce que ... Je suis ton gardien, Ariane. "

Ariane regarde Noah avec suspicion, partagée entre l’envie de rire et celle de vérifier qu’elle n’était pas entrain de faire un rêve qui devenait au fur et à mesure de plus en plus douteux !
Elle se pinça la douleur était bien réel et présente, elle commençait à avoir mal à la tête, tout ça prenait des proportions qui lui déplaisait fortement.

Rencontrer un homme, un mort ailé passons mais quand celui-ci vous disait qu’il était votre ange gardien ça devenait tout de suite un peu plus dérangeant !
Elle s’assit donc sur le rebord de la fontaine non loin de la ou il s’était arrêté et refusant sa main tendue elle lui dit :

« Apparemment tu as quelques années de retard, enfin tu n’es pas mort assez tôt. »

Elle était odieuse, elle le savait mais elle était déconcertée par son calme face à ca propre mort et puis cette histoire d’ange gardien était ridicule.

« Enfin ce n’est pas ta faute mais si tu es un ange gardien c’était avant que j’en avais besoin à présent ca ne sert plus à rien. »

Elle haussa les épaules se levant pour reprendre son chemin.

« Que tu sois réellement un ange gardien ou non ne te tracasse pas tu n’as aucune obligation envers moi. Tu vas pouvoir te la couler douce. »

Elle reprit son sac qu’elle avait déposé et s’apprêta à partir.

Noah ne s'offusqua pas qu'elle refuse sa poignée de main - il ne se serait pas offusqué de grand-chose, à vrai dire -, se contentant de regarder attentivement les réactions d'Ariane. Elle s'assit, aparemment fort peu ravi de ce qu'elle venait d'apprendre, et lançà, ironique à souhait, qu'il arrivait trop tard. Qu'il n'était "pas mort assez tôt" (Cette fàçon-là de dire les choses en aurait sans doute blessé un autre). Enfin, qu'il n'avait aucune obligation envers elle ... Elle était sur la défensive, presque odieuse, et si Noah n'aurait pas vraiment su lui reprocher il n'appréciait pas pour autant. Aussi déclara-t-il, plus froidement que précédemment, le visage dur :

"Tout çà ne m'enchante pas plus que toi. "

Il n'ajouta rien. Que dire ? Que, nom de "dieu", il n'avait pas choisi d'étre gardien ? Qu'il n'avait pas la moindre envie de se charger d'elle ? Que ... Qu'importait. Il n'aimait pas parler quand il savait que, quoiqu'il advienne, ses paroles ricocheraient contre un mur d'incompréhension. Aussi se contenta-t-il d'attendre, droit, qu'Ariane, qui avait ammorcé un départ, s'exécute. Et quand elle commenca à marcher, son sac sur l'épaule ... Il lui emboita le pas, tout simplement. Le visage totalement neutre, son livre dans la main droite, ses ailes à peine déplié.

Il n'avait pas envie de la suivre. Mais le pouvoir de ces mots - de son nom - était trop fort. Et ... il sentait, confusément, que si il arrivait quelque chose à celle qu'il devait protéger, il y laisserait des plumes. Il voulait au moins s'assurer qu'elle ne craignait rien dans l'imédiat. Et ensuite ... il partirait. Il chercherait un autre "ange", oû qui que ce soit, qui pourrait lui expliquer tout ce qu'il avait besoin de savoir ...

Elle lui tourna le dos et pris le chemin qu’ils avaient empruntés pour aller à la librairie, finalement pas besoin d’aller à la Mairie Noah était bien mort.
Elle était furieuse, pourtant elle n’aurait pas exactement su dire pourquoi, après tout pas mal de gens auraient rêvés d’avoir un ange gardien, quelqu’un pour veiller sur vous, pour parler avec vous …. A vrai dire beaucoup de gens auraient été ravis.

Pas elle ! Elle regarda derrière elle, il la suivait en plus. Elle l’apostropha :

« Dis moi j’espère bien que tu habites dans la même direction parce que j’apprécierai que tu ne me suives pas, de toute manière ce n’est pas rémunéré un ange gardien c’est même pas comme si tu étais obligé de me suivre… »

Elle se concentra sur la direction à prendre, elle était arrivée à un carrefour et elle ne savait plus vraiment qu’elle direction prendre. Gauche ? Droite ?

Elle prit à gauche après tout qu’importe, elle finirait bien par retrouver son chemin ; ça lui faisait toujours une promenade.

A l'interpellation un peu furieuse d'Ariane, plusieurs passants tournérent la tête vers elle, intrigués ; et, sans même prendre la peine de sourire de sa maladresse, Noah répondit posément :

"Tu ferais mieux d'être plus discréte. "

Mais si elle ne voulait pas ... bah, il s'en moquait un peu. C'était pour elle qu'il disait cela - lui, qu'elle passe ou non pour une folle, ça ne lui changeait pas grand-chose. Il continua ensuite à avancer derrière elle, simplement, et ne prit la peine de répondre à son interrogation qu'après un court silence :

"Je ne sais pas si j'y suis obligé. Peut-être. Pour le moment, je vais simplement m'assurer que tu ne court pas de danger dans l'imédiat. "

Même si ca ne l'enchantait pas foncièrement et qu'il s'en serait passé ... mais toutes ses pensées, Ariane n'avait pas besoin de les savoir. Tout comme elle n'avait pas besoin de réaliser qu'elle l'agacait bien plus qu'il ne le laissait paraître - il était moralement fatigué, il avait besoin d'étre au calme, de réfléchir ... Pas de discutailler avec une adolescente inconnue (si ce n'avait été son nom, qui lui lui était totalement familier, bien plus que les souvenirs épars qu'il avait de sa vie pourtant si peu ancienne).

Comme pour confirmer ses précédents dires, alors qu'Ariane posait un pied sur la route, pour traverser, une voiture déboula. Aussi rapide que silencieux, Noah l'attrapa par l'épaule et la tira en arrière ; ils purent sentir le courant d'air provoqué par le chauffard leur fouetter le visage. Malgré cette petite démonstration de sa bonne volonté, le gardien conserva le silence le plus total, comme si il ne s'était pour ainsi dire rien passé.

Elle n’avait pas besoin d’un gardien, après tout si le monsieur tout puissant – parce que apparemment il existait, et qu’il s’agissait bien de lui- n’avait pas daigné lui en refiler un avant pourquoi en aurait eu-t-elle besoin maintenant.

Comme pour la contrarier et lui prouver le contraire, c’est en traversant la rue que son gardien put pour la première fois lui démontrer son utilité. Alors qu’elle allait traverser sans vraiment prendre garde, Noah discret et rapide la retient l’empêchant ainsi de se faire écraser par la voiture roulant à toute vitesse.

Elle aurait pu le remercier, lui parler mais non, elle était furieuse, en colère que tout cela se soit fait et décider contre sa volonté de plus il fallait l’admettre, si elle n’était pas enchantée d’avoir un gardien, Noah, lui, n’avait pas l’air enchanté de l’avoir pour mortelle.

Elle resta donc silencieuse continuant à marcher, elle reconnut une des rues de son quartiers et s’empressa de l’emprunter, il lui tardait d’être chez elle ou elle pourrait échapper à l’ange.

Ariane continuait à avancer sans se soucier de Noah, ne daignant pas lui adresser la parole ... Ca lui convenait plutôt bien, et, n'essayant pas d'établir davantage la communication, il se contentait de la suivre, ombre silencieuse. Elle avait l'air presque furieuse, et il avait un peu du mal à comprendre pourquoi, mais ...

Il vit rapidement qu'ils prenaient leur premier chemin en sens inverse, retournant à la maison d'Ariane. Sans doute comptait-elle tout simplement lui claquer la porte au nez ... et quelque chose lui disait qu'il serait de mauvaise goût, venant d'un "gardien", de défoncer la porte oû de rentrer par la fenêtre. Il eu un minuscule sourire ironique à ces pensées, mais ne laissa pas à sa mortelle le plaisir de le voir.

Ils arrivérent finalement tout prèt de chez elle, entrant dans le lotissement. Noah s'arréta et, doucement, apella Ariane pour qu'elle s'arréte un instant :

"Ariane ... "

Le regard furibond qu'elle lui lançà le convainquit de ne pas insister trop longtemps, et il dit simplement, se retournant et ne lui montrant plus que ses grandes ailes imaculés :

"Au revoir."

Quelque part ... cet état des faits l'arrangeait bien. Il allait avoir tout le temps de faire ce qu'il voulait - y comprit chercher quelqu'un qui, peut-être, pourrait le renseigner sur son nouveau statut. Il ne comptait pas abandonner la jeune fille ; demain, lundi, avant même qu'elle sorte de chez elle il serait là, l'attendant pour l'escorter jusqu'au lycée. Il émit la vague hypothése que puisque sa mort résultait d'un accident de la route (en quelques sortes ...), peut-être était-ce du même genre de choses qu'il devait protéger Ariane. Ce qu'il avait d'ailleurs déjà fait en l'empéchant de se faire rentrer dedans par la voiture, un peu plus tôt ... Mais pourtant, sans lui, la jeune fille n'étant pas enervé n'aurait jamais risqué cette colision, non ? Tout çà ne tenait pas debout, et l'agacait au plus haut point ...

[On pourra jouer le lendemain matin dans ce même topic oû ailleurs si tu veut ^-^]

Lundi matin : 7h00

Si son dimanche avait été gâchée et qu’elle avait espérer ce rattraper avec une bonne nuit de sommeil, c’était raté.
Lundi matin, en sortant de chez elle, Ariane avait de gros cernes sous les yeux et son humeur était encore plus massacrante que celle qu’elle abordait hier en revenant de son agréable –notez l’ironie- promenade avec Noah.

D’ailleurs à propos de ce charmant emplumé….Ariane leva la tête, regarda à gauche puis à droite sans en voir la moindre trace. Soupir de soulagement, il l’avait peut-être oubliée du reste, ce n’était pas vraiment comme si elle avait besoin qu’il vienne lui prendre la main pour la conduire jusqu’au lycée.

Derrière elle, alors qu’elle était occupée à scruter l’horizon pour être sur et certaine que l’ange gardien n’était pas dans les parages ; la porte s’ouvrit, elle sursauta un peu effrayée ce n’était que son frère.
Il se moqua d’elle et de sa frayeur.

« Eh quoi je t’impressionne tant que ca… »

Sur quoi, elle répliqua en levant les yeux au ciel :

« Le jour où tu m’impressionneras je n’aurais plus qu’à aller me jeter du haut d’une falaise. »

Et toujours élégant, n’ayant rien d’autre à lui répondre Malik lui fit un doigt d’honneur. Elle soupira, ils avaient beau avoir le même âge, il y avait décidément un écart bien trop grand entre eux pour qu’ils puissent un jour espérer s’entendre.

Sans se retourner vers lui , elle ramassa son sac qu’elle avait laisser à terre et se mis en route pour le lycée.

Noah avait cherché ... cherché quoi ? Quelqu'un qui le verrait. Quelqu'un qui serait comme lui. Mais, au moment oû il avait apercu cet autre être angélique, au loin ... il avait renoncé à aller à sa rencontre, à le questionner, à savoir. Peur ... ? Peut-être. Il ne savait pas vraiment. Pourtant, il avait envie de savoir, et même, il en avait besoin.

Etrange nuit que voilà, sans que l'envie de dormir ne le prenne une seule fois. Assis sur un banc public, sous un reverbére, il s'occupa du seul indice qu'il avait en sa possesion ... "Sa" bible. Il en lut près de la moitié, lentement, la refermant parfois pour réfléchir à ce qu'il venait de lire tout en caressant la reliure. Il n'arrivait toujours pas à croire à tout çà, mais ... toujours était-il qu'il était là, qu'il était "mort" et qu'il était là, qu'il avait senti cette présence, entendu cette voix ... et que ces imenses ailes ornaient son dos. Alors il parcourait le livre saint, plus attentivement que jamais. Tout ce qu'il contenait voulait forcément dire quelque chose ...

Il n'avait pas vraiment prété attention au jour qui pointait. Quand 6 heures sonnérent, il referma son bien avec respect, et se dirigea sans se presser vers la maison d'Ariane. Arrivé, il ne sut vraiment que faire - l'attendre devans la porte comme un étudiant amoureux ? Il finit par se décider, presque blagueur, à monter sur le toit. D'un coup d'ailes il s'y envoya et s'y posa, accroupi, attendant qu'elle sorte. Ce qui ne tarda pas ...

Il regarda son altercation avec son frère, septique. Quand elle commenca à marcher, comme il l'avait fait la veille, il vint se poser prés d'elle sans un bruit ; et il dit simplement, poli en toutes circonstances.

"Bonjour, Ariane. "

La désillusion, une chose peut-être encore pire que le désappointement parce que l’on passe d’abords par l’espoir. L’espoir que l’emplumé ne soit pas dans les parages, l’espoir qu’il ne l’emmerde pas pour le reste de la journée…Et puis non, il arrive toujours aussi calme dans ses habits blanc, avec son air bienveillant réellement agaçant. Ariane en aurait presque pleuré. Elle ne voulait pas d’un ange gardien, elle ne voulait pas d’un type qui surveillerait ses actes, sa vie, non, elle ne voulait pas de ca.

Aussi quand elle le vit se poser discrètement à côté d’elle, elle ne répondit que par un signe de tête à son salut, bien décidée à ne pas lui parler de la journée.

Elle rejoignit son frère à l’arrêt de bus et s’assit sur le banc attendant. Elle regarda avec envie de la voiture de Nicolas sortir du garage, il passa devant eux et fit un signe à Ariane qu’elle lui rendit avec un sourire, en temps normal, il l’aurait conduite au collège mais aujourd’hui, il devait préparer le vernissage d’une exposition et n’avait pas de temps à lui accorder.

Elle prit son sac et fouilla dedans afin de lui envoyer un message pour lui souhaiter bonne chance et quand ce fut fait regarda autour d’elle. Noah était toujours la à côté d’elle. Décidément la journée allait être longue…


[HJ: Evite de me bouder parce que je met du temps à répondre tu sais pourquoi (pas encore eu le temps de finir de lire ta pièce.)]

Bon, aparemment ... sa chère protégé avait l'air de ne pas vouloir lui préter la moindre attention. Elle lui accorda tout de même un signe de tête, minimal signe de politesse, mais s'arréta là. Noah ne pipa mot, se contentant de marcher à ses cotés, fidèle escorte semblant pourtant terriblement inutile. Décidément ... ce "travail" allait être vraiment ennuyeux.

Tandis qu'elle s'asseyait à l'arrét de bus, lui resta debout, impassible, ses ailes repliés contre lui pour ne pas risquer de toucher un des élèves qui attendaient. Il ne savait pas si ils sentiraient son contact ou pas ... mais préférait ne pas tenter l'expérience. Il regarda Ariane, un instant ... le regard obstinément fixé sur un point invisible, elle semblait presque éviter de le regarder.

Réajustant ses lunettes sur son nez, il soupira et dit doucement :

"Tu sais ... devoir suivre tes moindres faits et gestes ne m'amuse pas vraiment ... "

Allait-elle accepter sa proposition ? Il en doutait ... Mais, après tout, pourquoi ne pas essayer ?

"Si tu pouvais me dire oû et quand tu risque de faire quelque chose de potentiellement dangereux ... çà pourrait sans doute nous arranger tous les deux. "

Elle avait pensé que Noah resterait dans un mutisme total, grossière erreur apparemment il semblait vouloir constituer à défaut d’une relation amicale, un accord à la l’amiable.
Toujours assise à l’arrêt de bus, Ariane leva la tête d’abords vers Noah et le regarda longuement réfléchissant à sa proposition et regarda ensuite autour d’elle.

C’était l’heure de pointe pour les étudiants du quartier et il y avait beaucoup trop pour qu’elle puisse se permettre de faire causette avec un être invisible aux yeux de tous. Elle prit de nouveau son sac et prit son portable et commença à écrire un message à l’intention de son gardien.

Je veux bien croire que ca ne t’enchante pas, cependant ce n’est certainement pas moi qui t’y oblige. /i]

Elle attendit qu’il ait lu et effaça ce qu’elle avait écrit pour recommencer un nouveau message.

[i] Au départ si je fais quelque chose de potentiellement dangereux, ce n’est pas pour qu’on m’en empêche de plus je ne peux pas prédire à l’avance ce que je compte faire…

La proposition lui semblait assez irréalisable.

Noah s'était penché par dessus l'épaule d'Ariane pour lire de qu'elle écrivait, et soupira à sa réponse. Elle n'avait pas l'air très ... enjoué, par son idée. Ses longs cheveux glissérent légérement, venant éffleurer l'épaule et la joue d'Ariane, tandis qu'il répondait d'un ton neutre :

"Je ne t'empécherais de rien. Et ... "

Il marqua une pause avant de reprendre, se redressant, et se décalant légérement pour ne pas étre touché (oû plutot "traversé") par un des lycéens :

"Tu dois bien savoir un minimum ce que tu va faire de ta journée, non ? Un sport dangereux ? Une manipulation pointu, en cours ... ?"

Mais Noah réalisa tout en parlant qu'il y avait en vérité bien peu de chances qu'Ariane fasse de l'escalade oû prenne des cours de chimie avec des produits explosifs. Et, dans les deux cas, des accidents pourraient la blesser, mais très difficillement la tuer.

Aussi, sans lui laisser le temps d'écrire à nouveau sur son portable, il enchaina :

" ... Non, oublie. "

Il n'eut rien le temps d'ajouter que le bus arrivait, se garant devant les élèves. Qu'allait-il faire ... ? Y rentrer aussi ? Il grimaca ... Il n'en avait ni l'envie, ni la réelle possibilité, vu la foule compacte qui s'y pressait. Et puis ... Il remua négativement la tête, presque imperceptiblement ; et en guise d'au revoir il posa brièvement sa main sur l'épaule de sa "protégée".

"Bon, fais quelques efforts pour ne pas mourir, ca m'éviterait d'étre envoyé bruler dans les flammes de l'enfer pour avoir mal fait mon boulot. "

L'ironie dans sa voix était flagrante, et certainement pas démenti par son léger sourire.